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Les politiciens sont parfois des humains

Conservative MP Alain Rayes stands during question period in the House of Commons on Parliament Hill in Ottawa on Monday, June 19, 2017. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne

Il est du devoir des politiciens de mesurer la portée des paroles qu’ils prononcent. Bien sûr, à voir certains dirigeants étrangers, on pourrait penser qu’ils ont oublié cette idée.

Chez nous aussi, les exemples de politiciens qui en mettent un peu trop pour frapper l’imaginaire sont nombreux.

Après l’arrivée en politique de Pierre-Karl Péladeau, qui disait vouloir unir la gauche et la droite, Amir Khadir avait déclaré que c’était le genre d’unification qui avait mené l’Ayatollah Khomeini au pouvoir, en Iran.

À l’inverse, Jean-François Lisée n’hésitait pas à parler du Politburo de Québec solidaire, pendant que Philippe Couillard affirmait qu’il y avait une parenté entre les moyens envisagés par François Legault et ceux de Donald Trump.

Ce genre d’enflure n’est pas pour aider la cause d’un débat public sain, mais peut être très bonne pour «trender» sur les réseaux sociaux.

Pourtant, comme le disait le député conservateur Alain Rayes la semaine dernière:

«Les politiciens ont un rôle à jouer et faut éviter du mieux qu’on peut. Des fois, on est des humains comme tout le monde, il peut y avoir des paroles qui partent dans le mauvais sens.»

Oui, «des fois», les politiciens sont des humains comme tout le monde. Ils choisissent des mots qui marqueront l’esprit de leurs interlocuteurs pour capter leur attention.

Par exemple, cette semaine, Maxime Bernier répondait à la venue de son ancien chef, Andrew Scheer, en Beauce avec un tweet qui allait dans ce sens:

«Bienvenue en Beauce, Andrew Scheer. J’espère que toi et ton candidat du CARTEL DU LAIT allez expliquer aux Beaucerons pourquoi ils doivent payer des centaines de $ de trop par année pour maintenir en place le système socialiste de Pierre Trudeau.»

Notez que le politicien qui utilise des expressions exagérées utilise parfois les majuscules pour être certain que tout le monde s’en rend compte.

Lorsque Maxime Bernier utilise le mot «cartel», on pense aussitôt au cartel de la drogue. On imagine un producteur laitier armé d’une mitraillette et chevauchant une vache.

Selon le linguiste George Lakoff, «quand on nous dit de ne pas penser à quelque chose, il devient difficile de penser à quoi que ce soit d’autre. Ainsi, si je vous dis de ne pas penser à un éléphant rose, il est probable qu’un Dumbo rose plane déjà dans votre esprit.»

Et pour induire une idée dans l’esprit des gens, les politiciens en donnent parfois plus que le client en demande.

Parce que oui, «des fois», les politiciens sont des humains comme tout le monde, mais des fois, ils sont un peu PLUS RATOUREUX que la moyenne…

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