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Enfin!

Arcadio Marcuzzi

2 avril 1985. Ce mardi-là, dans le doux printemps de Vancouver, la sélection masculine canadienne avait eu raison des États-Unis par la marque de 2 à 0.

Depuis, ce qui devrait pourtant être une des belles rivalités de la zone Concacaf n’a été qu’une insipide histoire à sens unique, qui a vu les Américains maintenir une domination outrageuse, forts d’une fiche de neuf victoires, aucune défaite et huit matchs nuls.

Aujourd’hui, cependant, cette histoire compte un nouveau chapitre. 15 octobre 2019, 34 ans et demi plus tard. Un autre mardi, mais du côté de Toronto cette fois, les Rouges disposent des É.-U. par la marque de… 2 à 0.

Enfin! Oui, enfin! Parce que 34 ans, c’est beaucoup trop long, certes, mais surtout parce que cette victoire vient confirmer ce qu’on semble entrevoir depuis environ deux ans : cette cuvée de l’équipe nationale masculine est possiblement la plus talentueuse de l’histoire du programme et semble porter la marque de la génération dorée tant attendue. Celle qui pourrait enfin lui donner une réelle pertinence sur l’échiquier international.

Mardi soir, le Canada a fait beaucoup plus que vaincre les États-Unis. Cette équipe a également vaincu des démons historiques, oui, mais surtout récents.

En s’imposant avec panache, avec une bien meilleure approche tactique et une exécution quasi parfaite sur 90 minutes d’un groupe de joueurs qui sont sortis sur la pelouse du BMO Field avec du feu dans les yeux, le cœur et les tripes.

Avec un instinct du tueur qu’on attendait de voir avec impatience – et parfois sans réellement y croire. Avec une profondeur qui fait mentir quiconque croirait que le destin de cette équipe ne repose que sur les jeunes épaules du prodige de 18 ans Alphonso Davies.

John Herdman a essuyé son lot de critiques, dont plusieurs ont été proposées ici même, mais force est d’admettre que tant sur le plan tactique qu’au niveau de l’état d’esprit des troupes, il a vu juste sur toute la ligne pour ce match. Surclassant son homologue Gregg Berhalter, qui n’a pu que féliciter la rage de vaincre canadienne une fois la défaite encaissée.

Herdman a aussi beaucoup critiqué ses critiques. Dans ses communications durant les jours précédant cette rencontre, l’essentiel de son message public était basé sur la prémisse de faire taire les mécréants. Une belle stratégie pour galvaniser ses troupes, sa grande force, mais qui se serait avérée vaine s’il n’avait pas été en mesure de se remettre en question, surtout après le fiasco de la Gold Cup, l’été dernier.

Chose qu’il a visiblement faite, alors que l’inefficace Cyle Larin a été laissé de côté pour cette convocation et que Davies a été libéré de ce rôle de latéral gauche qui brime atrocement son génie offensif. Reste à voir ce que Herdman fera de Doneil Henry, un de ses référents, mais aussi un des maillons faibles de la défense canadienne au cours des dernières années, lui qui était suspendu pour le dernier match et remplacé avec brio par Steven Vitória.

Moins de 48 heures après cette importante victoire dans la course aux qualifications pour la Coupe du monde de 2022, l’esprit est encore à la fête. Mais le regard canadien doit vite revenir vers les États-Unis, que l’équipe affrontera à nouveau le 15 novembre, à Orlando.

Ce sera l’occasion de confirmer que ce qu’on a vu mardi n’était pas qu’un soubresaut d’une équipe instable, mais bien le début de cette aube dorée qu’on nous fait miroiter depuis trop longtemps.

Si les hommes de John Herdman parviennent à répliquer la même rage de vaincre et la même envergure du premier duel, le Canada pourrait bien sonner la fin de l’ère Berhalter, chez des voisins du sud plus prenables que jamais, tout en se permettant de commencer à rêver au Qatar.

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