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Canadien: le pattern de victime

journalistes Canadien

La phrase la plus entendue de la bouche de Marc Bergevin au cours des dernières saisons est sans nul doute celle-ci : «C’est difficile, en tant que DG de Canadien, d’attirer des joueurs autonomes à Montréal.»

Et ça ne prend pas à la tête à François Gagnon pour comprendre que la récente stratégie de Bergevin, en effectuant une offre hostile à Sebastian Aho, était d’envoyer le message qu’il ne faisait pas juste jouer au golf cet été. Non. Il travaille un ti peu.

Or, l’offre fut égalée à la vitesse avec laquelle Aho entre en zone adverse et la sacre top net. Que faire devant un tel constat d’échec? S’inquiéter, comme le «journaliste» Richard Labbé de La Presse sur Twitter?

@Richardlabbe : Enfin, le CH avait trouvé un joueur de premier plan qui voulait venir jouer à MTL… Et maintenant, est-ce qu’il y en aura un autre?

Non, car je ne suis pas un amateur de Canadien, mais un journaliste sportif qui cherche à comprendre. Pour ce faire, j’ai téléphoné au sociologue Gilles Gagné, de l’Université Laval.

Selon lui, il faut analyser l’état de la situation à la lumière du concept d’identité-victime. L’idée est simple : le social s’effrite et le nous rassembleur est devenu une menace. En résulte une multitude de petits nous qui ne sont pas de grands exclus de l’histoire comme les Indiens l’ont été, mais des particules individuelles qui se pensent comme victimes et revendiquent ce statut.

À leur instar, Canadien aurait choisi, pour contrer le déclin auquel il est confronté depuis 1993, de se conforter dans cette posture victimisante. D’où l’éternel retour de la même idée : Canadien n’est pas capable d’attirer des joueurs autonomes à Montréal à cause des taxes imposées par l’État et les maudits journalistes bla-bla-bla.

Par ailleurs, que pense le sociologue de Carey Price? Est-ce la solution à toute épreuve? «Un club de hockey ne peut pas avoir comme héros, comme centre de toutes les nouvelles et de toutes les inquiétudes le simple fait de ne pas se faire compter de but grâce au meilleur gardien du monde. Price doit partir à tout prix.» Oh. Intéressant. Je l’ai donc laissé poursuivre.

«Sa centralité dans le limelight empêche le club d’exister. Le gardien est celui qui joue un rôle ingrat, solitaire, obscur et il vit sur une autre planète, c’est-à-dire dans sa tête. Il ne peut pas être la vedette autour de laquelle se pressent 14 journalistes. Le gardien n’a rien à dire. Le gardien est le dernier recours quand le match et la guerre se déroulent à l’intérieur de ses frontières. Le gardien n’a pas de plan de match. Le gardien endure. Le gardien serre les dents.» Wow. Ça change d’une analyse de Renaud Lavoie.

Revenons sur terre. La solution de Canadien me semble évidente : acquérir les services de l’autre Sebastian Aho, des Sound Tigers de Bridgeport, la filiale du Islanders. Défenseur gaucher, il a cumulé jusqu’ici 22 matchs dans la Ligne nationale et présente des stats typiques d’un joueur de Canadien : 1 but, 3 passes.

Lors de son embauche, Marc pourra dire avec un ton piteux de victime et une chemise serrée mettant en valeur ses pipes : «C’est pas le Sebastian Aho que vous vouliez, mais il a le même nom et c’est le seul des deux qu’on a pu amener ici. Vous savez, c’est difficile, en tant que DG de Canadien, d’attirer des joueurs autonomes à Montréal.»

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