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Le baseball, c’est plaaaaate

journalistes Canadien

C’est pas moi qui le dit, ce sont d’anciens joueurs du baseball majeur: Pete Rose, Goose Gossage et Lou Piniella, en entrevue à USA Today la semaine dernière. À leurs yeux, c’est pu regardable tellement c’est rendu plate. Et comme la crédibilité des experts sportifs se mesure au fait d’avoir déjà joué la game professionnelle, je ne remettrai pas en question leur critique puisque mes dernières expériences de baseball remontent au siècle dernier, dans un stade de Drummondville. J’étais lanceur et souvent, je perdais le marbre. Résultat: je pitchais 12 pieds par dessus le catcheur.

Depuis, je suis devenu sociologue. Mes pensées ne volent pas toujours aussi haut que les balles que je lançais en perdant le marbre, mais parfois, oui. Et je pense que c’est le cas ici. Je ne vais donc pas remettre en question l’analyse des 3 snoros, mais je vais la mettre en perspective. Des études à l’université, ça sert notamment à ça. Je vous explique.

Auparavant, un élément de culture populaire. Vous avez sûrement déjà vu la scène. C’est un classique. Plan large, on voit Homer Simpson assis dans les estrades d’un stade de baseball. Il se passe à peu près rien, Homer se lève et hurle: «C’est plaaaaaaate».

Bon. On me dit que c’était pendant un match de football. Qu’importe, j’ai pas l’habitude de me bâdrer avec les faits. Bref, le baseball, oui, c’est plate. Très plate. Ce l’était dans le temps de Rose, Gossage et Piniella. Ce l’était avant. Et ce l’est encore. Est-ce un problème pour autant ?

Je ne crois pas. J’en prends pour preuve un bouquin d’Andrew Forbes que j’ai lu cet été, intitulé De l’utilité de l’ennui: textes de balle, paru chez Les éditions de ta mère. Sur la quatrième de couverture, on peut y lire: «s’adressant tant aux geeks de statistiques qu’aux néophytes, ce livre traite de la possibilité de trouver refuge et confort dans l’ordre, les traditions et les rituels du baseball». En gros, la platitude, ça peut être beau et le fun.

Cette platitude belle et digne du baseball relève de la philosophie, à tout le moins d’une sagesse des temps anciens. Il s’agit d’un état d’inconscience du cerveau qui se trouve entre l’irrépressible cognage de clous sur le divan et le désir de fermer la télévision pour aller se coucher. Cet état ne relève donc pas de la volonté ; c’est un état second de la conscience mystifiée par le miracle en puissance d’un coup frappé avec aplomb juste au-dessus de la tête du joueur de 2e but et qui ferait rentrer au marbre un coureur en partance du 3e. Un coup, est-ce utile de l’ajouter, qui donnerait un point de plus à votre équipe.

J’entends certains d’entre vous penser, en lisant ce texte, que je détorque l’ouvrage de Forbes ou encore que j’adonise le baseball pour en arriver à mes fins. Pas du tout. Cela dit, bravo à vous pour le choix des verbes détorquer et adoniser.

En conclusion de cet éloge de la platitude du baseball, je laisserai le mot de la fin à Forbes lui-même: «Le baseball ne promet pas de résultat à la hauteur de nos attentes, seulement neuf laborieuses manches, et les mêmes périodes creuses traversées de brèves explosions de mouvements. Ainsi, le baseball nous donne l’impression qu’on a du temps à tuer. Par les temps qui courent, c’est un don précieux.»

Voilà. Le baseball, c’est plaaaaate. Pis c’est ben correct de même.

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