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Avoir honte de Canadien?

journalistes Canadien

Récemment, après les huit défaites de suite de Canadien, on a vu des fans dans les estrades avec un sac de papier brun sur la tête. Leur intention semblait claire: manifester leur honte. Or, est-ce le fan qui devrait avoir honte de Canadien? Ou n’est-ce pas plutôt Canadien qui devrait avoir honte de lui-même?

La question se pose. Et parce qu’elle se pose, je vais supposer qu’on peut y répondre. C’est ce que je tenterai de faire au cours de cette chronique, et comme un sujet en vaut bien un autre, je ne vois pas pourquoi je m’empêcherais de répondre à une telle question. Chose certaine, c’est pas L’Antichambre qui se starterait un débat là-dessus. Oh non.

Donc, grande question. Qui devrait avoir honte? Le fan ou Canadien? Pour y répondre, tournons-nous vers la philosophie et les philosophes. Prenons Christophe André. Si vous avez une culture générale nichée, vous me direz que ce Français est plutôt
psychiatre, mais pour moi, c’est un philosophe qui s’ignore. Comme Gaston Therrien – ben non, c’est une blague.

Le regard de Christophe André m’a récemment éclairé sur ce sujet aussi fort que les lumières du Centre Bell. À ses yeux, la honte est une émotion qui renvoie à l’ontologie de celui qui la ressent. Une notion proche de la honte, la culpabilité, me semble beaucoup plus juste pour qualifier ce qui habite le fan. Toujours selon André, la culpabilité a à voir avec un geste que l’on a posé. Autrement dit, on se culpabilise de ce que l’on a fait, mais on a honte de ce que l’on est.

Transposé à la dyade fan-Canadien, j’aurais tendance à supposer que le fan de Canadien devrait se sentir coupable de prendre pour un club de marde comme le sien. Et que c’est Canadien qui devrait avoir honte de ce qu’il est. Vous me suivez?

En sortir 

Mais la honte, qu’est-ce que c’est au juste? En fait, c’est un sentiment qui apparaît quand un individu ou un groupe d’individus fait défaut en face d’une norme. Dans le cas du groupe de joueurs qui composent Canadien actuellement, force est de constater qu’ils font justement cruellement défaut en face de la norme qu’était devenu le statut de glorieux de Canadien depuis l’époque des Richard, Béliveau et compagnie.

Pour sortir de la honte, que faudrait-il que Canadien fasse alors? Excellente question. Bien sûr, la première chose que pourrait faire Canadien serait de parler de la honte qui l’habite. Or, il se trouve que la honte est une émotion qui ne se dit pas facilement. Pourquoi? Parce que dire la honte ajoute inévitablement une couche de honte à la honte déjà présente. Sans parler du fait que Canadien ne sait pas parler, alors imaginez-le essayer de dire quelque chose qui ne se dit pas facilement. Bref, oubliez ça.

Découragé, j’ai cherché dans Google l’antonyme de la honte. L’internet m’apprend que c’est «fierté». Heureuse découverte. Voici donc ce que pourrait être le nouveau plan quinquennal de Marc Bergevin: faire retrouver à Canadien la fierté d’être. À la suite de cela, le fan de Canadien retirerait son sac brun et se sentirait moins coupable de prendre pour son club. Et pourquoi pas organiser un défilé de la fierté Canadien, à défaut d’un défilé de la Stanley?

«Et pourquoi pas organiser un défilé de la fierté Canadien, à défaut d’un défilé de la Stanley?»

Remarquez que l’internet me dit que l’impudeur et l’effronterie sont aussi des antonymes de la honte. Ça pourrait donc être un défilé de l’impudeur ou de l’effronterie Canadien; moi, j’ai pas de problème avec ça.

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