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Pour davantage de science en politique

N’est-il pas ahurissant que la lutte contre les changements climatiques soit, encore aujourd’hui, un sujet qui ne fasse pas consensus? Mais il faut bien se rendre à l’évidence, les «sceptiques» existent et font encore beaucoup de bruit, en politique comme dans les médias.

Il y a un phénomène psychologique assez fascinant à l’œuvre chez les gens qui nient des évidences, qui pensent par exemple que la Terre est plate, que les astronautes ne sont jamais allés sur la Lune ou que le 11 Septembre était un complot de la CIA. Ces conspirationnistes, qui étaient jadis confinés à des réunions louches dans des demi-sous-sols tristes, ont trouvé avec les réseaux sociaux une vaste communauté qui s’auto-excite en cherchant les «preuves» de leurs théories. Croyant être les détracteurs d’une science mainstream à la solde de l’industrie ou de forces gouvernementales occultes, ces nouveaux templiers autoproclamés carburent à la marginalité et à l’esprit de contradiction. Dans l’espoir narcissique de pouvoir un jour crier: «Je vous l’avais dit!», ils sont prêts à prendre le contrepied des plus grands experts. Ce phénomène semble toucher des gens à droite comme à gauche de l’échiquier politique. Si les climato-sceptiques sont le plus souvent dans le camp conservateur, il y a aussi de profonds mouvements antisciences à gauche: pensons à ceux qui croient guérir le cancer par l’herboristerie ou la chiropratique, qui affirment que les vaccins causent l’autisme ou qui sont convaincus d’être allergiques aux ondes Wi-Fi.

Ces personnes tombent dans le piège de penser que la science est un bloc monolithique, avec un discours unique et officiel qui n’est jamais remis en question.

Or, c’est exactement le contraire: le consensus scientifique est une chose rare et, quand il existe, c’est que la théorie a su résister à des assauts incessants venant de toutes parts.

En effet, rien ne fait plus plaisir à une scientifique que de prendre une consœur en défaut. Les scientifiques sont des êtres humains comme nous tous: ils sont portés, comme tout le monde, à voir les confirmations plutôt que les problèmes de leur hypothèse et sont souvent aveuglés par l’orgueil et l’habitude. Voilà pourquoi les centres de recherche, les publications scientifiques sérieuses et les universités sont organisés autour des principes de révision par les pairs et de reproductibilité des résultats. C’est grâce à ces processus que la science avance et que nos connaissances s’affinent.

À l’heure des fake news, la méconnaissance du fonctionnement de la science est particulièrement dangereuse quand elle affecte la classe politique: pour prendre des décisions éclairées à court, moyen et long terme, il est essentiel que les politiciens soient munis des meilleurs outils pour discerner le vrai du faux.

Je disais récemment à la blague qu’avec un examen de science obligatoire pour tous les député(e)s de l’Assemblée nationale en début de mandat – un examen dont les résultats seraient rendus publics –, on aurait la ligne rose en 2030 et un hyper-loop Montréal-Québec propulsé à l’hydro-électricité en 2042, pour le 400e anniversaire de la métropole.

Mais plus j’y pense, moins je trouve que c’est une blague.

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