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Essayer encore (1/2)

chamans autochtones

Le 15 mars dernier, j’ai regardé la manifestation où quelque 100 000 personnes ont pris la rue à Montréal depuis ma forteresse boréale d’Eeyou Istchee, le cœur un peu déchiré de ne pas pouvoir y être. Tous ces jeunes portant des pancartes à bout de bras pour dénoncer l’inaction des gouvernements sur la question des changements climatiques! Des airs de printemps 2012, pour les plus nostalgiques d’entre nous. Voir une nouvelle génération de militant-es se soulever fait chaud au cœur, mais ça me fait aussi penser à ceux qui nous ont ouvert un chemin, aux «vieux de la vieille».

L’Abitibi regorge de trésors dont les lacs, la Charcuterie du Nord à Val-d’Or et Henri Jacob. Henri, qui milite depuis 1972, est l’homme derrière Action Boréale, association qui lutte pour la protection de la forêt boréale. En 1989, Richard Desjardins secouait la province avec son film L’erreur boréale. «Quelques années après, il ne se passait pas grand-chose. C’est là que j’ai contacté Richard et qu’on a décidé de fonder Action Boréale.»

En commençant, ils se sont donné deux mandats :
les aires protégées de l’Abitibi et les droits écologiques. À ses débuts, l’association comptait environ 2 000 membres, et Richard en faisait la promotion «entre deux tounes». Maintenant, elle en compte environ 1 000, mais elle reste active dans les dossiers environnementaux, y compris celui du caribou de Val-d’Or.

Pendant le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992, la communauté internationale commençait à avoir de sérieuses discussions sur les aires protégées, et Action Boréale proposait déjà un seuil minimum de protection de 12 % des 13 grands écosystèmes du Québec, pour la survie de ceux-ci. Selon Henri, c’est le quart de l’Abitibi qui devrait être protégé. À l’époque, un maigre 0,5 % de la région l’était, soit le parc de La Vérendrye. Action Boréale a alors soumis au ministère de l’Environnement une carte des aires qui devraient être protégées. Même si l’objectif initial n’est pas atteint, le taux est maintenant de 9,7 %, en partie grâce à Action Boréale.

Dans leurs actions, Henri et son association n’ont jamais lutté sans les communautés anishnabe de la région. Ce respect des Autochtones et de leurs connaissances du territoire fait d’Henri un allié, un ami. La réconciliation, ce n’est pas des excuses peu sincères accompagnées de larmes pour la télévision; c’est plus une lutte acharnée pour la protection d’un territoire qu’on partage. Ça, Henri l’a compris depuis longtemps. Il se désole d’ailleurs que, dans le budget du Québec, ce sont seulement 23 ¢ sur 100 $ qui sont attribués à l’environnement. À ma question «Après toutes ces années, pourquoi milites-tu encore?», il me répond : «Ben, parce que je respire!»

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