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Ramener les gens à la maison

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Maïtée Labrecque-Saganash - Métro

Il y a une trentaine d’années, le diabète n’était pas quelque chose de très commun dans ma communauté. Aujourd’hui, en territoire cri, c’est plus du quart de la population qui vit avec le diabète de type 2.

Bien des choses sont arrivées.

La sédentarisation, la modification du mode de vie, les déserts alimentaires et le changement de diète ont fait qu’environ 26 % de mon peuple doit vivre avec le diabète.

Ce n’était pas une réalité qui m’était familière lorsque j’habitais dans le sud, mais j’y ai été confrontée en revenant à la maison.

Comme le rappelle Bella Moses Petawabano, présidente du Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James (CCSSSBJ), on peut combattre le diabète et on peut éviter ou retarder les complications.

Malheureusement, parmi ceux qui ont une atteinte rénale, plusieurs doivent voyager sur de longues distances pour aller recevoir des traitements de dialyse.

Face à ce problème et vivant dans des communautés éloignées, on a dû trouver des solutions créatives.

Jeudi passé, dans ma petite communauté de Waswanipi, le CCSSSBJ, en partenariat avec Cree First Nation of Waswanipi, a inauguré les services de dialyse à la maison.

Grâce à ce projet pilote, cinq patients pourront recevoir des traitements dans le confort de leur maison, au lieu de devoir se rendre jusqu’à Chibougamau.

Ceux-ci, accompagnés par l’équipe médicale qui fera leur suivi, iront en formation pendant plusieurs semaines à Mont­réal, afin de se familiariser avec l’équipement.

Ça paraît anodin, dit comme ça, mais il y a toute une logistique derrière le démarrage du projet.

Pendant deux ans, on a vérifié l’éligibilité des participants, on est allé chez eux tester l’eau, car les machines requièrent une bonne source d’eau pour bien fonctionner et on a investi des sommes importantes.

Une priorité

Il y a des machines de dialyse dans deux communautés uniquement: à la clinique de Mistissini et à l’hôpital de Chisasibi.

Les patients dans les autres communautés doivent donc se déplacer.

Pour cette raison, les représentants de Waswanipi avaient retenu la dialyse comme étant une priorité, lorsqu’ils ont été consultés pour le plan régional du CCSSSBJ.

Une victoire pour l’institution, car c’est le premier objectif du plan régional a être réalisé.

Je parlais avec le Dr François Charette, directeur des affaires médicales au CCSSSBJ, et celui-ci me disait que, dans quelques années, quand l’équipe médicale et les patients seront assez à l’aise avec le processus et l’équipement, ils pourront considérer la possibilité de faire occasionnellement leur dialyse dans le bois.

Bien sûr, il faudra que leur camp soit convenablement adapté, mais c’est réalisable. Les machines sont même assez petites pour être rangées dans les compartiments de bagages à main dans les avions.

Ce projet est une victoire amère, parce que, même si c’est innovateur, le diabète est un problème  qui ne va pas en s’améliorant. Le CCSSSBJ en est très conscient et fait un énorme travail de sensibilisation et de prévention.

Comme disait Jonathan Sutherland hier : «Nous devons nous projeter dans le futur et peut-être qu’ainsi, dans 30 ans, il n’y aura plus de diabète ici.»

Par contre, avoir sa dialyse à domicile, ça change une vie.

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