Le vieux monde du travail

Masked protesters clash with riot police during the traditional May Day march in Paris, France, Sunday, May 1, 2016. The traditional May Day rallies are taking on greater weight this year as Parliament is debating a bill that would allow longer working hours and let companies lay workers off more easily. (AP Photo/Michel Spingler) Photo: Michel Spingler/The Associated Press

C’est une tradition annuelle: quelques jours avant la Fête internationale des travailleuses et des travailleurs, le 1er mai, le gouvernement annonce une augmentation du salaire minimum. Cette année, ce sera 0,20 $ de plus de l’heure pour les 450 000 Québécois
qui travaillent au salaire minimum, portant leur salaire à 10,75 $ l’heure.

À la même occasion, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publiait la semaine dernière son bulletin annuel sur le «salaire viable», une mesure qui évalue le revenu qu’une personne ou un ménage doit gagner pour combler ses besoins de base et dégager une marge de manœuvre qui lui permette d’améliorer sa situation (épargner). Selon la moyenne de tous les salaires viables calculés, l’IRIS arrive à la cible moyenne de 15,10 $ l’heure, pour un travail à temps plein de 37,5 heures par semaine.

Autre rituel incontournable du 1er mai: la tenue de manifestations sur la voie publique afin de célébrer les progrès réalisés par les travailleurs pour améliorer leurs conditions, mais aussi afin de revendiquer de nouvelles avancées.

Au Québec, au Canada et aux États-Unis, nous soulignons la fête du Travail le premier lundi de septembre; c’est un jour férié sans signification politique. Le 1er mai marque, lui, un moment important dans l’histoire des travailleurs occidentaux. Choisie en 1889 par la Deuxième Internationale socialiste réunie à Paris à l’occasion de l’exposition universelle et du centenaire de la Révolution française, la date du 1er mai commémore l’affaire Haymarket, un soulèvement de travailleurs réprimé violemment par la police de Chicago en mai 1886. Chaque année après 1889, les travailleurs ont fait la grève le 1er mai pour revendiquer une seule chose : la journée de travail de huit heures maximum. Un gain qu’ils ont obtenu au milieu du XXe siècle.

La nécessité de revendiquer n’a pas disparu pour autant, car telle est la condition des travailleurs : ils participent d’un système économique et institutionnel en constante transformation, et leurs conditions d’existence doivent toujours être revues pour en compenser les effets pervers.

Aujourd’hui, les demandes formulées par les travailleurs ne sont plus exactement les mêmes qu’il y a un siècle. Croissance des inégalités, explosion des paradis fiscaux, démantèlement des services publics, salaire minium qui vous place en dessous du seuil de la pauvreté : voilà les raisons qui ont motivé les travailleurs à occuper la place publique dimanche.

Ces manifestations font partie du «régime» traditionnel des relations patrons-employés. Conventions collectives, négociations, grèves, lois spéciales, pressions sociales et mouvements populaires. Voilà comment s’organise depuis longtemps la relation entre décideurs et «décidés». Elle est tellement ancrée dans nos mœurs qu’on peine à imaginer qu’il puisse en être autrement. Pourtant, d’autres modèles existent. La suite la semaine prochaine.

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