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Élections et idées farfelues

Photo: Graham Hughes/La Presse canadienne

Les élections québécoises seront officiellement déclenchées dans quelques jours. Les campagnes électorales sont ce théâtre de la démocratie mettant en scène des acteurs de la vie politique brillants et médiocres, qui manipulent les mots, les promesses et les manœuvres politiciennes propres et sales, distribuant et encaissant des coups au-dessus et au-dessous de la ceinture…   

J’aime ce spectacle. Je l’adore. Ça me fascine chaque fois. C’est quand même extraordinaire la démocratie: mettre en compétition publique des centaines de personnes appartenant à des factions rivales, ayant des idées et des idéaux contraires, opposés et antagonistes, et leur permettre de s’affronter, le tout dans un cadre strictement pacifique, sans aucune violence, en toute liberté… La démocratie est quand même une des plus grandes réussites de l’espèce humaine, aussi prodigieuse que la médecine moderne et la conquête de l’espace.

Nous avons d’ailleurs eu un petit aperçu de la joute électorale vendredi dernier. Les chefs des quatre principaux partis ont répondu aux questions des jeunes lors d’un évènement organisé par l’école d’été de l’Institut du Nouveau Monde et Le Devoir. Bel exercice qui a le mérite d’essayer d’intéresser les milléniaux à la chose publique. Les jeunes ont au moins le mérite de ne pas avoir peur d’exprimer ce qu’ils pensent; ils n’ont pas de filtre. Ils n’ont eu aucune gêne à huer le premier ministre Philippe Couillard quand il est entré sur scène, ou son adversaire principal François Legault quand il a commencé à parler de son test de français.

Parlons-en justement, de François Legault et de la question de l’immigration. Le chef de la CAQ ne lâche pas le morceau. Il maintient son idée farfelue de test de français pour les nouveaux arrivants, qu’ils doivent passer et repasser jusqu’à ce qu’ils le réussissent, dans une durée de trois ans, sinon dehors. Aussi simple et absurde que ça! Mis à part le fait que le Québec n’a aucunement le pouvoir de renvoyer un immigrant, c’est quoi l’enjeu auquel la CAQ veut s’attaquer au juste? Sachant que selon le dernier recensement, 94,5% de la population québécoise peut tenir une conversation en français, il est où exactement le problème que la CAQ voudrait régler? La loi 101 fonctionne très bien: les enfants des immigrants vont à l’école francophone, ils parlent très bien le français, leurs parents n’ont pas le choix que de l’apprendre aussi, si ce n’est pas pour travailler au Québec, du moins pour communiquer avec leurs enfants. Il faudrait plutôt intervenir pour aider et accompagner les nouveaux arrivants en offrant plus de ressources pour des cours de français gratuits, ainsi qu’une aide financière lorsqu’ils prennent ces cours, et surtout reconnaître rapidement leurs diplômes afin qu’ils puissent intégrer le plus vite possible un marché du travail qui est majoritairement français… Mais bon, tout ça, c’est bien compliqué, ce n’est pas assez populiste.

Enfin, la démocratie c’est beau. Malgré ses idées curieuses et ses propositions singulières, c’est quand même très beau.

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