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La fausse route des palmarès

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Photo: Métro

Avez-vous entendu parler du palmarès des cégeps publié dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec?

Malgré leur popularité, les palmarès ne sont pas sans risques, notamment en raison de la concurrence qu’ils installent entre les établissements scolaires et de la vision marchande de l’éducation qu’ils véhiculent.

À une époque où la pression de performance est bien présente, a-t-on besoin d’autres sources de stress et de chercher à choisir LE meilleur établissement?

Un autre risque, tout aussi dommageable, est celui d’influencer le choix professionnel des gens sur la base de la prétendue performance des établissements. La meilleure école sera toujours celle où l’étudiant se sentira à l’aise d’étudier.

La meilleure école sera toujours celle où l’étudiant se sentira à l’aise d’étudier.

Par ailleurs, ce type d’exercice propose des critères décisionnels externes par rapport à la personne qui s’efforce de choisir un programme d’études avant le 1er mars (date butoir d’inscription). Est-ce qu’une personne se sentira nécessairement à l’aise d’évoluer dans un établissement scolaire parce que celui-ci se classe en tête du palmarès? Qu’en est-il du profil personnel de l’étudiant qui effectue un choix professionnel?

Il s’agit avant tout, pour lui, de tenir compte de critères internes (personnalité, besoins, champs d’intérêt, aptitudes et ressources réelles) pour cibler un choix qui lui ressemble.

Une décision si importante, prise uniquement sur la base de classements d’établissements scolaires ou de perspectives d’avenir risque de ne pas être durable à long terme et d’engendrer des difficultés de motivation et de persévérance.

Palmarès: une vision simpliste

La Fédération des cégeps s’est également prononcée sur le palmarès des établissements collégiaux. Pour elle, il s’agit d’un exercice réducteur qui ne reflète ni la réussite au collégial ni la qualité de l’enseignement.

Ce palmarès s’appuie seulement sur le taux d’obtention du diplôme d’études collégiales (DEC) dans 13 programmes choisis, ce qui ne constitue pas une base solide pour permettre aux étudiants de choisir leur établissement, d’autant plus qu’il est reconnu que les 48 cégeps présents sur le territoire du Québec offrent tous un enseignement supérieur de qualité.

Selon la fédération, il faut se rappeler que les cégeps ont été créés pour favoriser l’accès à l’enseignement supérieur pour tous les jeunes, quels que soient leur profil, leur langue ou leurs conditions sociales ou économiques.

C’est une décision du rapport Parent, publié dans les années 1960, qui s’est avérée un grand succès, puisque cette stratégie a permis au Québec de rattraper son retard en matière de scolarisation et d’être aujourd’hui la province ayant le plus haut taux de diplomation postsecondaire au Canada.

Cela dit, la mission d’accessibilité qui a été confiée aux cégeps explique aussi les différences d’un établissement à un autre.

En clair, s’ils offrent tous un enseignement de qualité, les cégeps ne peuvent être comparés les uns aux autres, car leur réalité diffère en fonction du profil scolaire et personnel des étudiants qu’ils accueillent.

Des facteurs comme la moyenne générale au secondaire des jeunes qui arrivent au cégep ou encore leur motivation face aux études jouent énormément dans leur capacité à réussir leurs études collégiales et à obtenir leur diplôme.

Une réflexion personnelle

D’après la Fédération des cégeps, il serait contre-productif que le palmarès publié par le Journal de Montréal et le Journal de Québec vienne décourager des jeunes qui veulent étudier au cégep à proximité de chez eux, alors que tous les acteurs de la société se mobilisent pour les encourager à persévérer dans leurs études.

Plutôt que de se fier à un palmarès qui offre une information incomplète, il est essentiel que les jeunes effectuent d’abord une réflexion approfondie afin de bien cerner leurs besoins et leur profil personnel. De cette façon, ils pourront prendre une décision éclairée, centrée sur leurs propres critères de motivation.


Cet article a été écrit avec la collaboration de Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps.

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