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Pourquoi une chronique sur l’immigration?

A Royal Canadian Mounted Police officer, left, standing in Saint-Bernard-de-Lacolle, Quebec, advises migrants that they are about to illegally cross from Champlain, N.Y., and will be arrested, Monday, Aug. 7, 2017. Officials on both sides of the border first began to notice last fall, around the time of the U.S. presidential election, that more people were crossing at Roxham Road. Since then the numbers have continued to climb. (AP Photo/Charles Krupa) Photo: Archives Métro

Cela fait plus de trente ans que je m’intéresse aux enjeux migratoires en tant que professeur et chercheur. Mes travaux ont porté sur les questions d’intégration tant au Québec qu’en Afrique et sur les politiques migratoires au Canada comme en Europe.

Depuis quelques années, l’immigration est devenue un sujet fortement débattu partout dans le monde. L’arrivée récente au Québec des Haïtiens en provenance des États-Unis, devenus demandeurs de statut de réfugié, constitue un bel exemple de débats où la confusion était au rendez-vous. Entre autres, on parlait de «migrants illégaux» alors que le droit international prévoit un processus légal de demande d’asile. Les manifestations de l’extrême droite et les dérapages de certains politiciens n’ont pas aidé à maintenir un débat serein.

J’ai constaté que trop souvent les idées et les perceptions sur l’immigration sont loin de la réalité. Les médias sociaux véhiculent de nombreux mythes malgré l’existence de recherches scientifiques qui disent le contraire. Plusieurs facteurs viennent à l’esprit pour expliquer l’écart entre la recherche et l’opinion publique: publications dans des revues peu accessibles, méconnaissance, désinformation, littératie défaillante (selon le rapport du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes de décembre 2015, au Québec, un adulte sur cinq a de très grandes difficultés à lire ou à écrire. Près de la moitié de la population a de la difficulté à comprendre un article de journal).

Ce qui en décourage plus d’un, c’est le constat que, même confrontées aux faits réels, les opinions ne changent pas. Certes, il existe une frange de la population qui demeurera toujours imperméable aux faits. Par contre, des études récentes, qui ont tenté de classer la population selon leurs opinions et attitudes face à l’immigration, ont proposé une typologie allant d’une attitude très ouverte (par exemple les multiculturalistes convaincus ou les cosmopolitains) à l’extrême opposé (les gens hostiles et les opposants radicaux). La population est donc loin d’être homogène en ce qui concerne les opinions sur les migrations. Mais, ce qui est le plus important, c’est la conclusion d’une étude selon laquelle la position de la plus grande partie du public serait ambiguë, donc entre les deux positions extrêmes.

C’est à cette frange de la population que s’adresse surtout cette chronique.

L’objectif de la chronique est donc de tracer un portrait de l’immigration qui permettrait de sortir de la problématique de la menace. Car c’est la peur qui nourrit les idées et les opinions négatives sur l’immigration, une peur trop souvent récupérée et entretenue par certains politiciens et par les groupes anti-immigration d’extrême droite.

Dans les chroniques à venir, nous aborderons une série de mythes sur l’immigration et tenterons de les déconstruire en présentant ce que les recherches en disent. Certes, dans certains cas, il n’y a pas d’unanimité entre les chercheurs, mais je montrerai que dans ces cas les débats ne portent pas tant sur les faits que sur le choix des faits et leur interprétation.

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