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Coquelicot rouge, coquelicot blanc: guerres, déracinements et violences sexuelles

Lyn Adamson, who makes and gives away white poppies that she says commemorate all victims of war poses with one of her homemade poppies in Toronto on Thursday, Nov. 9, 2017. More than five years after the white poppy campaign sparked a rancorous debate about how Canadians should reflect on Remembrance Day, the anti-war movement is still stinging from its ugly standoff with the Royal Canadian Legion. THE CANADIAN PRESS/Chris Donovan Photo: THE CANADIAN PRESS

Coquelicot rouge: symbole reconnu depuis longtemps pour se remémorer la contribution des anciens combattants. Coquelicot blanc: nouveau symbole pour se souvenir des effets meurtriers des guerres sur les populations civiles, sans oublier les déplacements massifs de populations et les violences sexuelles faites aux femmes réfugiées.

«Que de victimes, que de sang, que de douleur a causé la question des frontières», a déjà écrit le journaliste et auteur polonais Ryszard Kapuściński.*

Il est important de souligner le nombre considérable de victimes civiles dues aux nombreuses guerres qui se sont déroulées dans le monde depuis les années 1950. Rappelons qu’uniquement durant «la guerre contre la terreur» (lire contre le terrorisme) initiée par les États-Unis et les alliés, on estime à plus d’un million le nombre de civiles tués, particulièrement en Irak, en Afghanistan et au Pakistan.**

Mais ce qui est moins connu et mérite également d’être remémoré, ce sont les déplacements considérables de populations dans des conditions presque toujours extrêmes. C’est un bon moment pour profiter du devoir de souvenir pour rappeler certaines réalités.

Par exemple, selon le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR), il y a présentement près de 27 millions de réfugiés (personnes qui se trouvent dans un autre pays que le leur) et 41 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. Toujours selon le HCR, chaque minute, 24 personnes sont déracinées (ce qui inclut les réfugiés et les personnes déplacées).

Rappelons aussi que la moitié des personnes déracinées sont des femmes dont plusieurs sont victimes de violences sexuelles, que ce soit lors des déplacements ou dans les camps.

Les recherches d’Amnistie Internationale montrent que les femmes et les jeunes filles sont exposées à des violences, à des agressions, à l’exploitation et au harcèlement sexuel à toutes les étapes de leur trajet. Selon les nombreux témoignages recueillis, les femmes disent vivre dans la peur.

«Dans les camps, il y a tellement de risques de se faire toucher, et les femmes ne peuvent pas vraiment se plaindre et ne veulent pas causer de problèmes susceptibles de perturber leur voyage» peut-on lire dans le témoignage de Reem, 20 ans, tel que rapporté par Amnistie internationale.

En mars 2016, dans le Carnet des droits de l’homme, le blogue officiel du Conseil de l’Europe, le Commissaire aux droits de l’homme affirmait que les droits des femmes et des filles réfugiées ou migrantes doivent être mieux protégés. Selon lui, tous les États devraient accorder la priorité à des politiques migratoires plus humaines, rendre le voyage plus sûr, faciliter l’accès à l’asile, améliorer les conditions d’accueil, encourager l’intégration effective dans les sociétés de destination et parvenir à une répartition plus équitable des demandeurs d’asile.

Au Québec, la question du harcèlement sexuel est présentement à l’ordre du jour. À cet effet, le jour du souvenir nous permet d’élargir nos préoccupations pour en faire une occasion unique de solidarité envers les groupes de femmes plus vulnérables que constituent les femmes réfugiées et déracinées.

#Metoo
Reem, Hala, Nahla, Rania, Maryam et toutes les autres femmes réfugiées du monde.

* Ryszard Kapuscinski – Imperium, 1993, cité par Carlos Spottorno et Guillermo ABril, La Fissure, Gallimard (2017 pour la traduction française).
** Source: Physicians for Social Responsibility, «Body Count», mars 2015.

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