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Le mythe des voleurs de «jobs»

Le mythe des voleurs de jobs revêt trois aspects complémentaires. Premièrement, une idée qui revient souvent est que les immigrants viendraient prendre les emplois des natifs. Dit autrement, l’immigration aurait un impact négatif sur l’emploi des populations natives. Pourtant, de nombreuses recherches effectuées en Amérique du Nord et ailleurs démontrent que l’immigration n’a pas d’effets sur l’emploi des populations natives.   

Le deuxième aspect concerne le fait que l’immigration aurait comme effet de faire baisser les revenus des natifs. Un des économistes américains le plus cité sur cette question est George Borjas. Sa conclusion la plus importante est que les travaux actuels sont incapables de détecter une seule preuve montrant que les immigrants auraient un impact négatif sur les revenus et les opportunités d’emploi des natifs aux Etats-Unis.  Pourquoi en est-il ainsi?  C’est que les immigrants et les travailleurs nationaux ne sont pas en compétition sur le marché de travail mais sont plutôt complémentaires.

On pourrait aller plus loin – et c’est le troisième aspect – et affirmer que non seulement les immigrants ne prennent pas les emplois des natifs, mais ils sont nombreux – davantage que les natifs – à créer leur propre emploi. C’est notamment le cas aux Etats-Unis mais on trouve aussi les mêmes résultats pour le Canada. De plus, dans bien des cas, les immigrants créent aussi des emplois pour les nationaux: selon un rapport américain, l’entrée de 1000 nouveaux immigrants créent 1200 nouveaux emplois dont la majorité sont occupés par des travailleurs nationaux.

Mais une autre façon de regarder la question est de poser la question: que serait-il arrivé si certaines entreprises, voire même certains secteurs, n’avaient pas eu accès à une main d’œuvre migrante? Même s’il n’est pas facile de répondre statistiquement à cette question, on peut néanmoins établir certaines balises. Prenons par exemple le cas des entreprises agricoles. Il est reconnu que sans la main d’œuvre mexicaine aux États Unis, l’industrie agro-alimentaire n’aurait pu survivre.  L’impact ne se mesure donc pas en considérant uniquement les travailleurs mexicains mais l’ensemble des acteurs impliqués dans cette industrie: par exemple, les autres travailleurs nationaux qui perdraient leur emploi et tous les services connexes (transports, transformation, ventes en gros et en détails, etc.). On peut penser que l’impact serait énorme.

L’exemple des travailleurs temporaires dans le secteur agricole au Québec est également intéressant à considérer. Ce sont les employeurs eux-mêmes qui font pression sur les gouvernements (fédéral et provincial) pour mettre sur pied des programmes de recrutement de travailleurs sans lesquels, disent-ils, ils devraient fermer boutique ou vendre leurs produits trois à quatre fois plus chers sur le marché, ce qui les rendrait non compétitifs. Que l’on soit d’accord ou non avec la migration temporaire, personne ne contesterait l’impact économique positif de ce type de migration.

Bref, non seulement les immigrants ne sont pas des voleurs de jobs, mais ils créent souvent leur propre emploi et même créent de nouveaux emplois pour les natifs et viennent combler des pénuries d’emploi dans des secteurs où il est difficile de trouver des travailleurs nationaux.

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