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Fragilité blanche

Photo: Facebook

Nous avons définitivement un problème d’écoute lorsque vient le temps poser un regard critique sur nos comportements insensibles, racistes ou offensants.

Pour illustrer le phénomène par lequel ce sont les Blancs qui seraient heurtés lorsqu’on sous-entend qu’ils pourraient peut-être avoir manqué de sensibilité envers certaines minorités, la chaîne AJ+ a produit une petite vidéo explicative sur ce qu’il est convenu de nommer la «fragilité blanche».

«Tout comme il est important d’être sensibles aux Noirs, Arabes et autres non-blancs, il est tout aussi important d’être sensibles à la sensibilité des Blancs à cette sensibilité», ironise la vidéo, pour démontrer l’écart absurde entre le racisme subi par les personnes qui formulent à l’occasion des critiques, et la blessure à l’égo affligeant les personnes blanches qui essuient ces critiques. La solution proposée pour éviter ces situations douloureuses pour les personnes blanches : le silence.

Il s’agit bien sûr d’une caricature. Il n’en demeure pas moins que chaque fois qu’un comportement raciste ou insensible est dénoncé, il s’en trouve pour se plaindre du sentiment de culpabilité que l’on voudrait imposer aux Blancs, qui ne pourraient plus rien faire sans offenser qui que ce soit. C’est ce qui se passe présentement, alors que plusieurs personnes sont offusquées que l’on puisse être outrés que des enseignantes armées des meilleures intentions du monde aient décidé d’accueillir leurs élèves affublées de succédanés de coiffes autochtones probablement achetées dans un magasin d’escomptes et fabriquées par des enfants quelque part où c’est possible de faire travailler les enfants, dans le but d’«illustrer leur intérêt pour les cultures autochtones».

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Le problème, avec cette attitude, c’est qu’alors que la personne incriminée est concentrée sur l’incommensurable douleur qui l’afflige, elle se trouve incapable d’écouter. Toutes ses énergies sont consacrées à se rassurer qu’elle est une bonne personne et qu’il n’y a aucun risque que le monde réconfortant qu’elle a connu ne puisse changer.

Il est pourtant possible de recevoir ces critiques sans que son monde et son estime personnelle ne s’effondrent. Cela requiert écoute, empathie, et une volonté à ne pas faire tout tourner autour de sa petite personne.

Par exemple, sans remettre en question la bonne volonté des enseignantes de l’école Lajoie – même si un antécédent de blackface aurait pu leur mettre la puce à l’oreille -, on peut constater que, visiblement, le résultat n’est pas à la hauteur des objectifs visés qui, on le rappelle, étaient d’«illustrer leur intérêt pour les cultures autochtones». La discussion sur les coiffes autochtones a pourtant lieu depuis plusieurs années. Plusieurs représentants des premières nations ont expliqué qu’il s’agissait d’objets sacrés dont l’utilisation hors contexte ne pouvait être qu’insultante.

Vous pouvez peut-être éprouver de la difficulté à comprendre le phénomène d’appropriation culturelle. Il se peut que vous considériez que c’est l’illustration d’une rectitude politique qui va trop loin. Mais vous ne pourrez pas ignorer éternellement la parole de ceux qui, en plus de s’être fait voler leurs terres, d’avoir été soumis à un génocide culturel, d’être victimes de racisme systémique et de voir femmes et filles être violées et tuées impunément, devraient se laisser expliquer ce qui devrait ou non les offenser.

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