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A-t-on les moyens de se priver des garderies à 7$?

Photo: Métro

Le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, ne croit pas à l’étude de Pierre Fortin et Luc Godbout, de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, selon laquelle les CPE s’autofinancent. Selon leurs recherches, les économistes avançaient qu’en permettant à 70 000 femmes d’accéder au marché du travail, le programme des garderies à 7$ avait permis d’augmenter le PIB du Québec de 5 milliards de dollars.

Dans une lettre qu’il avait envoyée à La Presse en 2012 alors qu’il était professeur au HEC, celui qui est aujourd’hui en charge de couper dans le gras de nos finances publiques affirmait que les économistes s’étaient trompés puisqu’ils n’avaient pas tenu compte des emplois qui auraient été créés en l’absence des garderies à 7$. «Si le gouvernement n’avait pas créé le programme des garderies, expliquait-il, l’économie québécoise aurait quand même créé des emplois, tout simplement en utilisant à d’autres fins les quelque 2 milliards de dollars qui sont aujourd’hui consacrés chaque année à ce seul programme». J’aimerais savoir dans quoi monsieur Coiteux préfère-t-il que nous créions des emplois. Dans l’industrie du pétrole? Dans les autoroutes? Dans les films de Xavier Dolan? Ou encore dans une autre initiative gouvernementale qui a, autant que les garderies à 7$, le pouvoir de favoriser la production de toute une génération de petits futurs contribuables?

Personnellement, je veux bien que des économistes s’obstinent ad vitam æternam sur la rentabilité d’un programme qui permet aux mères de retourner travailler. Je me fous du résultat, à condition que des mesures soient entreprises pour que les hommes sacrifient de manière égale leur carrière pour élever des enfants. Indice de probabilité : faible.

Le programme des garderies à 7$, qu’il soit rentable ou non, corrige une iniquité systémique. On s’en rend compte lorsqu’un fin finaud libertarien recommande à la place que les parents aient droit à des crédits d’impôts qu’ils pourraient utiliser de la manière qu’ils jugent pertinente : à salaire inégal, qui prendra la décision de rester à la maison, d’après vous?

Mais surtout, chaque fois qu’on aborde la question des garderies à 7$, on parle en termes économiques ou démographiques, comme si le fait que des femmes se réalisent autrement que dans la gestion de la progéniture n’avait en soi aucun impact positif sur l’ensemble de la société. Quand un couple décide d’avoir un enfant, même lorsque le père prend tous les congés parentaux auquel il a droit et que la mère retourne travailler dès qu’elle en a la possibilité, la carrière de la mère écope d’avantage que celle du père. C’est une réalité biologique tellement incontournable que le même phénomène s’observe chez les couples de lesbiennes, où la carrière de la mère qui porte l’enfant a tendance à ralentir d’avantage.

Mais si c’était les hommes, qui sacrifiaient leur carrière pour s’occuper des enfants, parions qu’on découvrirait finalement que le programme des garderies à 7$ est très rentable.

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