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Alcool au volant: tous un peu coupables

On a raison d’être fâchés contre Yves Martin, le récidiviste de l’alcool au volant qui a fauché une famille au Saguenay la fin de semaine dernière. Ce qu’il a fait est impardonnable. Il semble toutefois bien facile de s’offusquer contre un individu fautif en balayant du revers de la main toutes les fois où on laisse un ami conduire en état d’ébriété ou toutes celles où on prend le volant en étant «pas mal sûr qu’on ne tape pas le .08». Pourtant, la seule différence entre ça et l’accident survenu samedi soir – hormis le fait qu’on a ici affaire à un multirécidiviste –, c’est que dans le second cas, il y a eu accident. Mortel.

Surtout, il est bien commode de montrer du doigt l’individu qui nous semble défectueux alors que tout, dans notre environnement, concourt à ce que ce genre de drame survienne. Lorsqu’on prend en considération tous les facteurs impliqués dans l’alcool au volant, il devient évident qu’on alimente au Québec – et probablement ailleurs – une culture de l’alcool. Pour qu’un individu en vienne à prendre sa voiture après avoir consommé de l’alcool, c’est probablement que la possibilité que quelque chose de grave survienne lui apparaît peu probable. Après tout, l’alcool au volant, c’est criminel…
si on se fait pincer.

Et si on se fait pincer, les conséquences ne peuvent être si graves : suspension de permis, amende, au pire quelques jours de prison. La réprobation sociale, elle, ne semble survenir que lorsque le pire arrive. Comment se fait-il qu’on ait fait plus de cas d’un animateur sympathique ayant commis un impair dans un parc que d’un chanteur récidiviste de l’alcool au volant? Comment se fait-il que la chanteuse/nouvelle-Martha-Stewart Marilou ait subi des injures pour avoir simplement souligné notre obsession face à l’alcool?

En outre, la loi est faite de telle sorte qu’on demande à des gens d’évaluer leur capacité de conduire en calculant leur nombre de consommations selon leur poids. Autrement dit, on leur demande de faire appel à leur discernement au moment même où ils ont consommé une substance qui les empêche de le faire. Pour conduire un véhicule motorisé ayant le pouvoir de causer des blessures ou la mort, la norme devrait être de zéro, tout simplement.

Mais ça, ça rendrait absurde la présence de milliers de bars accessibles seulement en automobile, surtout en région et en banlieue : une autre cause connue de l’alcool au volant. La prochaine fois que vous passerez devant un bar de région, demandez-vous pour le fun comment tous ces véhicules stationnés devant le débit de boisson retourneront dans la cour de leur propriétaire. Poser la question vous forcera à en arriver à la conclusion que plusieurs personnes prennent le volant avec plus d’un verre dans le nez.

Mes chroniques portant sur la culture de l’alcool sont rarement populaires. J’imagine qu’on préfère faire porter le blâme au buveur incompétent que se questionner collectivement sur notre rapport à l’alcool.

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