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Abécédaire féminin

Photo: collaboration spéciale

Depuis le début de l’été, je me mets dans la peau d’une adolescente aux prises avec des questionnements existentiels et je dévore en rafale les épisodes de Code F, la nouvelle émission de Vrak 2 dans laquelle des grandes sœurs et quelques grands frères prodiguent des conseils de vie.

Une fois que la féministe moyenne aura réussi à faire fi de la prémisse un peu dépassée – les filles sont comme ci, les gars sont comme ça, et il y aurait une loi non écrite que chaque fille devrait connaître – elle découvrira avec enthousiasme un univers où il est possible d’aborder à la télévision des thèmes aussi divers que les menstruations, espionner son chum, la masturbation, les pénis, l’argent, le féminisme ou les complexes. Le succès de l’émission – et la raison pour laquelle je m’accroche à celle-ci malgré mon âge avancé – tient en grande partie à la qualité des intervenantes. S’il y a encore un tata quelque part qui pense que les filles ne sont pas drôles, qu’on l’installe de force devant la série complète.

On y découvre une Maripier Morin loin d’être conne, qui est hilarante et totalement irrévérencieuse, contrairement à ce que l’on pourrait attendre d’une fille à l’image aussi soignée. Le couple improbable qu’elle forme avec Catherine Éthier, l’intello de la bande avec son style quasi-victorien, est le duo humoristique le plus efficace que le Québec ait connu depuis Dominic et Martin – en fait, il s’agit du premier duo qui me soit venu en tête mais les deux filles sont beaucoup plus drôles. Difficile toutefois de dire qui fait le straight man. Chose certaine, la digne héritière de Chantal Lamarre connaît un important succès auprès des jeunes, à en juger par la page Facebook de Code F., qui, soit dit en passant, se résume trop souvent à demander «combien de likes pour…». On se ressaisit, à la gestion de communauté, svp*.

Mariana Mazza est très payante dans les reportages terrain, mais le plus payant – et sûrement le plus coûteux – c’est lorsque les filles s’adonnent en groupe à ces expériences comme la danse poteau pour ne donner que cet exemple. Pour le reste, Mariana Mazza est payante point, avec son discours qui sort des sentiers battus et son ton bad girl.

Virginie, la «rationnelle» du groupe, est aussi la plus rassurante quand vient le temps d’aborder des questions comme le maquillage, l’apparence ou les relations hommes/femmes : sa dissidence est parfois nécessaire, sinon, on pourrait croire que porter du vernis à ongles assorti à sa sacoche fait partie du fameux code de fille si mystérieux dans lequel je ne reconnais absolument rien de ma réalité, ni actuelle, ni passée.

Parmi les collaborateurs occasionnels, Valérie Roberts est une belle découverte, on voudrait définitivement être sa best (elle et la personne qui fait les illustrations durant les entrevues). Quant à Katherine Levac, évidemment, elle est excellente avec son sens du punch inégalé. Son seul défaut est de ne pas être présente à tous les épisodes.

Bien sûr, on pourrait reprocher à Code F son hétéronormativité. Mariana Mazza ne compte PAS pour une lesbienne et l’angle homosexuel manque plus ou moins cruellement dans le discours des filles, selon les thèmes abordés. Ça ne m’empêche pas de me clencher tous les épisodes avec un plaisir renouvelé et d’appréhender la fin de l’été. Heureusement, une deuxième saison de cette version québécoise de Girl Code est en route, une saison que j’attends avec l’enthousiasme d’une jeune fille à la rentrée scolaire.

Suggestion de nouvelles collabos pour la prochaine saison :

  • Diandra Grandchamps
  • Camille Piché-Jetté
  • Rosalie Vaillancourt

* Ajout: Vrak TV m’indique qu’aucune page de Code F n’est gérée par elle. Sur Facebook, il y a une page qui est clairement identifiée comme non-officielle, mais celle que je cite ne s’identifie pas comme telle. Il faudrait les contacter pour qu’ils se dissocient de Vrak, comme le fait la fan page. Par ailleurs, une source anonyme m’informe que Vrak tient mordicus à gérer à partir de sa page Facebook principale l’image de ses émissions sur les réseaux sociaux, rechignant à ce que les équipes de chaque émission se créent des comptes officiels. Résultat: le réseau social est infesté de fausses pages créées par de jeunes fans enthousiastes à la grammaire douteuse. On pourrait suggérer à Vrak d’arriver en 2015: son public est parmi les plus enthousiastes utilisateurs de réseaux sociaux, et plusieurs de ses artisans en maîtrise l’art et la manière.

** Ajout 2: J’ai oublié de dire à quel point la collaboratrice occasionnelle Julie Ringuette est drôle et combien j’ai hâte de la voir dans d’autres projets.

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