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Petits irritants aux adieux d’une grande dame

AppleMark Photo: Archives/TC Media

 

Hier, je suis allée rendre hommage à Claire Kirkland-Casgrain en assistant aux premières funérailles nationales conférées à une femme au Québec. J’y suis allée par principe – on a demandé à ce que Québec honore mieux ses bâtisseuses – mais j’y ai rencontré quelques irritants.

Il y a quelque chose d’affligeant à se faire demander par un prêtre catholique de «prier pour l’équité entre les hommes et les femmes dans toutes les sphères de la vie». Remarquez, le prêtre n’a pas eu l’odieux de nous enjoindre de prier pour l’«égalité» entre les hommes et les femmes, ce qui eût tôt fait de souligner l’incohérence entre son message et la position de l’institution qu’il représente. S’il y a bien un lieu où les plafonds de verre sont infranchissables, c’est bien au sein de l’Église catholique. Mais il n’est pas tellement de bon ton de remettre en question les dernières volontés de la personne à qui l’on veut rendre hommage. Concentrons-nous plutôt sur ce que nous aurions pu faire pour que ces funérailles soient à la hauteur du personnage qu’était Claire Kirkland-Casgrain.

Tristement, la première députée, première ministre et première juge que le Québec ait connue a rendu l’âme dans une discrétion sans mesure avec ce qu’elle nous a légué. Évidemment, elle n’occupait plus autant de place dans notre quotidien – comme un Jean Lapierre par exemple – depuis son départ de la politique en 1973. Beaucoup d’entre nous ne l’avions jamais connue et certains même croyaient, quelques jours avant sa mort, qu’elle n’était déjà plus des nôtres, à en croire certains textes.

Durant toute la semaine qui a précédé les funérailles de madame Kirkland-Casgrain, je me suis demandée pourquoi nous n’en savions pas plus sur cette grande dame. Comment se fait-il que les médias nous aient tous servi le même entrefilet annonçant son décès, avec la même anecdote partout : celle selon laquelle une fois élue députée, elle ne pouvait même pas signer elle-même son bail. N’y avait-il personne pour nous parler de sa personnalité? De sa vie en dehors des réalisations que l’on connaît? La réponse est venue lors de ses funérailles alors que sa fille, l’avocate Lynn Casgrain, son gendre Julius Grey, et sa bru l’ex-bâtonnière Julie Latour, ont pris la parole pour nous faire découvrir cette femme qu’ils ont connue dans l’intimité. Comment se fait-il que les médias ne nous aient pas placardé leurs témoignages avant? Ce n’est pas comme si Julius Grey était timide devant les caméras.

Tout ça explique probablement pourquoi la cathédrale Marie-Reine-du-monde n’était pas pleine à craquer samedi matin. On se doute bien que les funérailles d’une pionnière qui a donné l’égalité juridique aux femmes mariées – entre autres choses – ne seront pas aussi glamour que celles d’un manager de star internationale, mais on aurait tout de même été en droit de s’attendre à ce que le maire de Montréal fasse acte de présence plutôt que de manger des hot dogs au Stade Olympique habillé en fan des Expos. Mais bon, c’est vrai qu’il y avait moins d’opportunités de selfies à la cathédrale.

Quant à l’annonce faite par le premier ministre pratiquement sur le parvis de l’église, elle manquait d’élégance et s’ajoute aux mini-irritants de la cérémonie.

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