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Pas homophobes hein…

Est-ce que c’était le mois international des homophobes et on ne me l’avait pas dit? Au Québec, on aime bien se raconter qu’on est plus ouverts qu’ailleurs. Et ça me fait toujours un peu rire dans ma barbe de lesbienne. Parce que oui, c’est vrai qu’on n’est pas pires. Mais on n’est pas parfaits non plus.

La semaine dernière, un couple d’hommes s’est fait tabasser dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Lorsque ces incidents surviennent, on a tendance à dire que ce sont des cas isolés. Des gestes commis par des barbares sans éducation.

Curieusement, plusieurs «cas isolés» m’ont sauté au visage dans les derniers jours, à commencer par cette redresseuse de torts qui a cru bon de publier sur mon mur Facebook cette vidéo des Témoins de Jéhovah enseignant aux enfants que l’homosexualité est un péché et que si vous avez une camarade de classe qui a deux mamans, vous devez lui dire que ses mamans doivent changer si elles ne veulent pas brûler en enfer. Cette vidéo n’était pas homophobe, disait-elle, puisqu’elle ne brimait aucune liberté et qu’elle ne faisait qu’incarner la liberté de religion. Je lui ai poliment demandé de quitter mon mur.

Il faut s’enfoncer bien profondément dans ses privilèges pour se sentir autorisé à faire la leçon à une lesbienne sur ce qui relève ou non de l’homophobie. Qui plus est, il faut être une personne dotée de peu d’aptitudes sociales pour avoir l’odieux de placarder cette opinion sur son mur Facebook. Une petite violence banale comme on en vit régulièrement sur les réseaux sociaux.

Comme cette réaction spontanée qu’a eue Line Michaud à cette proposition que Disney fasse de la Reine des neiges sa première princesse lesbienne. Line Michaud, c’est normal que tu ne la connaisses pas, c’est juste une madame qui a commenté la page de TVA Nouvelles. «N’importe quoi! Belle image à donner à nos enfants. Je n’ai rien contre les choix sexuels mais là je trouve que ça va trop loin c’est quand même des BANDES DESSINÉES!», a-t-elle grommelé, oubliant certainement que depuis des siècles, les princesses marient des princes et ont de nombreux enfants pour le meilleur et pour le pire. Ce commentaire «isolé» a reçu 503 appuis. Je vous épargne les commentaires transphobes – tous isolés bien sûr – qu’a reçu la veille la nouvelle annonçant que Caitlyn Jenner poserait nue pour le Sports Illustrated.

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On se plaît à se moquer du côté rétrograde de certains états américains, comme la Pennsylvanie, où une école a refusé qu’une fille se présente à son bal de finissants en complet (quelqu’un l’a véritablement escortée à l’extérieur de son bal). Il reste qu’au Québec, la question des toilettes neutres ne se pose pas sans anicroches. Combien ça va coûter? Qu’est-ce qu’on va faire si quelqu’un veut aller dans une toilette pour filles un jour, et dans une toilette pour gars le lendemain? Ces personnes ne peuvent-elles pas simplement accepter le sort que la nature leur a réservé? Tant de questions qui semblent soudainement si cruciales avant de permettre aux personnes trans de pisser en paix?

Un autre «cas isolé», cette fois, s’est produit dans une clinique spécialisée en réassignation sexuelle d’Ahuntsic. Un individu est entré dans la clinique armé d’une hache et d’une machette et y a mis le feu, mais le SPVM hésite à qualifier de crime haineux cet événement dont les conséquences sont désastreuses pour la communauté trans du pays.

Pendant ce temps, le Canada refuse d’octroyer un visa à un militant LGBT tunisien, mais laisse entrer sans problèmes un chanteur tunisien homophobe. Bien sûr, après ça, on dira que ce sont eux les homophobes. Nous on est corrects.

Ce soir, un Kiss-in contre l’homophobie aura lieu au coin des rues Valois et Ontario. Parce que c’est pas vrai que tout est beau chez nous.

 

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