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Le combat des chefs

Sylvain Ménard

Bon, la campagne électorale fédérale est enfin lancée. Les avions des chefs sillonnent le ciel pour aller porter la bonne nouvelle d’un océan à l’autre, les autobus aux couleurs des différents partis font des arrêts dans tous les centres commerciaux et les pancartes avec des beaux portraits poussent sur les poteaux comme les bourgeons au printemps.

En toute franchise, je n’ai aucune idée du résultat du prochain scrutin. Absolument aucune idée. Hormis que la prise de pouvoir devrait se jouer entre les libéraux et les conservateurs (tu parles d’un devin, toi…), je suis incapable de prévoir le moindre score final. Ce qui ne m’empêche pas de savoir exactement comment les choses vont se dérouler au cours des prochaines semaines.

Premièrement, tous les chefs de partis, sans exception, passeront plus de temps à dénigrer le programme des autres plutôt de que mousser leur propre plateforme électorale. C’est maintenant devenu la norme, et c’est fort probablement à cause de ça, que l’on ne vote plus «pour» un candidat, mais plutôt «contre» un candidat. On appelle ça le vote par dépit. J’en parle souvent. Et ça donne les gouvernements que l’on mérite.

Je sais aussi que l’on parlera d’environnement comme jamais auparavant. Pas parce que la question passionne les chefs, mais bien parce qu’ils n’ont plus le choix. Quand j’entends Andrew Scheer mettre du vert dans ses propos, j’ai l’impression de voir un enfant qui mélange ses couleurs en faisant de la peinture à numéros.

On va aussi parler de coupe dans les impôts et de soutien à la classe moyenne. Ça, c’est toujours gagnant. Même si les coupes ressemblent à une poignée de change à la fin de l’année, et que l’existence de la classe moyenne tient davantage de la théorie que de la réalité en Amérique du Nord.

«L’image, mes amis, il n’y en a que pour l’image…»

On sait aussi que les chefs vont non seulement changer de langue, mais qu’ils changeront également de discours dès qu’ils vont sortir du Québec.

Loin des yeux, loin du cœur, comme ils disent.

Suffira de porter une attention particulière aux propos de Justin Trudeau, qui a non seulement la sale habitude de se costumer quand il se promène mais aussi d’adapter son discours en fonction de son auditoire. Quel couvre-chef portera-t-il quand il devra forcément aborder le dossier la loi 21?

Remarquez que, nullement en reste, Jagmeet Singh a fait sensiblement la même chose quand il s’est décoiffé pour les besoins d’une pub. L’image, mes amis, il n’y en a que pour l’image…

Chaque jour, tous les leaders vivront dans la crainte de voir un squelette sortir du placard d’un de leurs candidats. Suffit parfois d’un bout d’entretien à tendance raciste oublié dans le fond d’une malle ou d’une vieille publication écrite sur Facebook un soir de brosse et, hop, c’en est fait de votre campagne pour quelques jours.

Il est même possible que, comme la verte Madame May, l’on soit pris pour expliquer le parcours pour le moins étonnant d’un candidat de son équipe qui portait les couleurs du NPD il y a de cela à peine quelques semaines, qui aurait pris le temps de s’informer de l’intérêt du Bloc québécois entre-temps et qui a profité d’une entrevue à la radio pour formuler clairement une profession de foi souverainiste. Faute d’être réélu dans son comté de la Rive-Sud de Montréal, le transfuge Pierre Nantel nous aura franchement divertis pendant un trop court moment. On l’en remercie.

Encore cinq semaines de pur plaisir et riches en rebondissement. Ajoutez à cela la présence de Maxime au débat des chefs et, je sens qu’on va bien s’amuser. Quitte à payer pour ensuite…

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Le musicien et chef d’orchestre Vic Vogel est mort. Un «personnage» dans toute l’acception du terme. Un irrésistible rigolo qui était aussi capable d’être bête comme ses deux pieds (ça pouvait même aller jusqu’à trois) dans ses mauvaises journées… Ce raconteur désopilant, qui n’avait pas son égal pour en rajouter au gré de son imagination, était l’un des derniers acteurs du nightlife montréalais de la fin des années 40.

Il était unique en son genre et pas très porté sur la soumission. Les musiciens de son big band se souviennent encore du jour où il a traité le très désagréable crooner Mel Tormé de « fuckin’ shithead » (crisse de connard) devant tout le monde en pleine répétition en vue d’un spectacle à Montréal dans les années 80.

Il était comme ça Vic: du bien bon monde, fallait juste pas trop l’écœurer. Il en avait comme vu bien d’autres…

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Un grain de sel et un grain de poivre sur le Gala des prix Gémeaux.

  1. J’ai bien aimé l’émotion que Florence Longpré et Fabien Cloutier ont affichée lors de leurs discours de remerciement. Des sentiments pareils, ça ne s’invente pas. 
  2. J’ai eu honte de l’hommage (!) rendu à Madame Béatrice Picard pour souligner ses 71 ans de carrière. Qui a eu l’idée de reprendre l’idée de son couronnement de Miss Radio-Télévision au Gala des Splendeurs de 1958 en coiffant une femme de 90 ans d’un ridicule diadème en plastique directement sorti du Dollarama? Malaise, vous dites? Suffisait de voir le visage des artistes dans la salle qui venaient de se lever spontanément pour lui réserver une belle et touchante ovation. C’est ce qui se passe quand on confie à des concepteurs incultes le soin de revenir sur l’histoire. Tout pour la joke. Toujours la maudite joke…

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