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Le changement de garde

Sylvain Ménard

Chers vous autres,

Vous étiez beaux à voir, vendredi après-midi. Émouvants et touchants. Un tel élan de masse ne peut nous laisser indifférents. Parce que la véritable solidarité était palpable au centimètre cube. Tout cela avec un minimum d’encadrement, dans un calme dominant, presque intimidant. C’est ainsi qu’agissent les plus grands. Vendredi après-midi, vous étiez beaux et grands.

Désormais, plus personne ne pourra nier l’importance de l’enjeu.

Appelons ça la force du nombre. C’est sérieux votre affaire, ça se sent. Oui, plusieurs se sentent menacés par vous, votre marche et votre démarche autant que par une jeune Suédoise de 16 ans qui a décidé de ne pas reculer devant l’adversité. Dieu sait qu’elle aurait pu battre en retraite face à la violence de certains. Continuez à faire comme elle, c’est vous qui allez avoir raison au bout du compte.

Ce que je retiens de la marche de vendredi, c’est que, bien au-delà du message environnemental, c’est la démonstration sans équivoque que les jeunes sont là, prêts à combattre, fort capables de se mobiliser pour faire passer le message. Dans une société individualiste à l’extrême, c’est inespéré. Le prochain qui dira que la jeunesse est apathique, égoïste et désintéressée par la question politique, aura l’air fou. Très fou.

L’immense succès de cette marche comporte néanmoins un risque: celui de croire que tout est réglé et que tout ira de soi. Accompagnés par tant de compagnons sur un seul chemin, réunis autour d’une même cause, nous pourrions facilement croire que le temps de crier victoire est venu et que nos voisins de manif sauront prendre les bouchées doubles. Rappelez-vous l’essoufflement de la marche des casseroles de 2012. Le dernier coup de chaudron venait de retentir que tout le monde rentrait sagement à la maison. À peine 18 mois plus tard, le groupe parlementaire qu’on avait tant décrié était reporté au pouvoir. N’oublions jamais ça.

Reste maintenant aux jeunes de cesser de croire que ceux et celles qui sont déjà en poste vont changer des choses; ça n’arrivera pas. Les preuves sont là, c’est au-dessus de leurs forces. Le changement devra venir de ceux et celles qui sont à la fois porteurs et promoteurs des énergies nouvelles. Tout ne sera pas parfait et il y aura des essais et des erreurs. Pas grave, la nouvelle garde ne pourra pas faire pire que ses aînés, qui ont lamentablement failli à la tâche.

Si je puis me permettre, amies et amis de la nouvelle vague, je vous recommande de refuser les invitations à joindre les rangs des vieux partis, ils tombent tous en ruine. Sans la moindre exception, tant au provincial qu’au fédéral. Juste à voir à quel point ils tournent en rond, à quel point ils sont sclérosés, pognés dans leurs dogmes périmés, encore pris à rembourser leurs vieilles dettes à leurs vieux amis douteux.

Fuyez ces clubs privés qui comptent sur votre présence à chaque quatre ans, uniquement pour rajeunir la moyenne d’âge sur le portrait de famille des candidats, et ensuite vous tasser le plus loin possible des prises de décision.

Réinventez les règles du jeu. Rejetez les vieilles manières de faire de la vieille politique qui fonctionne à coups de soupers spaghetti et au financement gratiné des grosses compagnies. Fondez de nouveaux partis, mettez sur pied de nouveaux groupes de pression. Prenez la parole et continuez à passer aux actes.

C’est de votre avenir et de celui de vos enfants qu’il est question. Battez-vous pour le rendre meilleur, vous êtes déjà plus forts que l’establishment qui ne reconnaît pas encore sa faiblesse. L’heure du changement de garde a sonné.
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Au cœur de la marche de vendredi, un événement surréel est arrivé. L’ineffable Justin Trudeau est monté sur une estrade improvisée et a pris le micro pour remercier les manifestants d’être venus en aussi grand nombre.

Léger problème: la manif était, si j’ai bien compris, une marche citoyenne pour dénoncer l’inaction des gouvernements et des décideurs dans les dossiers environnementaux. Donc, au bout du compte, notre bon Justin, qui a d’ailleurs tout fait pour se rapprocher de la tête du peloton, était là pour manifester contre lui-même et a pris le temps de saluer la foule qui était venue dénoncer l’incurie de son gouvernement.

Ce garçon est hallucinant…

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La saison du Canadien débute jeudi soir. Vous dire combien j’ai hâte, ça se dit pas. Dans la défaite comme dans la victoire, amusons-nous. Et sacrons patience aux athlètes qui ne répondent pas nécessairement à nos attentes. Il n’y a pas un être humain, peu importe son sport, son salaire ou son statut, qui mérite d’être traité comme on a l’habitude de traiter nos mal-aimés du Centre Bell.

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