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Le devoir et les leçons oubliées

Sylvain Ménard

Hier, 13 h, j’attends pour aller voter qu’un monsieur distingué me fasse signe.

Ça ne devrait pas être long, le poll 180 semble peu achalandé.

Autour de moi, d’autres gens attendent dans une mer de murmures, comme si tout ce beau monde se préparait à faire un mauvais coup.

Fait à remarquer: mes compagnons du moment au bureau de vote ont presque tous la tête blanche. Pour une fois que c’est moi qui fais baisser la moyenne d’âge…

Les jours de scrutin, les aînés sont conscrits par tous les partis.

C’est comme ça chaque élection: toute formation digne de ce nom s’applique à faire «sortir le vote».

En termes clairs, faire sortir le vote, c’est aller chercher les vieux chez eux, en tenant pour acquis qu’ils vont mettre leur X à la bonne place en échange d’un lift.

Cette attention, fort touchante au demeurant, contraste avec le peu d’attention qu’on accorde généralement aux aînés pendant les campagnes électorales.

Et cette campagne fédérale n’a pas fait exception à la règle.

C’est totalement aberrant de constater à quel point le sort des aînés ne semble pas le moindrement préoccuper la classe politique.

Particulièrement dans le contexte actuel, où le vieillissement de la population est une réalité à laquelle on ne peut échapper.

Quand, au cours d’un débat, on demande aux chefs s’ils prévoient bonifier les prestations de sécurité de la vieillesse, ils évacuent la question en répondant un gros «oui» tous en chœur sans mettre le moindre chiffre nulle part et, rapidement, on passe au point suivant. Comme si le sujet était tabou. Pourtant…

On devrait avoir honte de la maigre pitance que l’État expédie à nos personnes âgées.

Collectivement, on devrait exiger que cette question soit placée en priorité, sur le même pied que la santé, l’environnement et l’éducation.

Je ne peux pas croire qu’encore une fois, on aura esquivé la question comme s’il s’agissait d’un moindre détail.

Pauvres de nous.

«On devrait avoir honte de la maigre pitance que l’État expédie à nos personnes âgées.»

En sortant du bureau de vote hier, j’ai croisé une dame qui, appuyée sur son déambulateur, attendait avant de gravir les quelques marches la menant vers la sortie. Je lui ai offert mon aide. «Non, merci, a-t-elle répondu. Y a un monsieur du Parti XYZ qui s’occupe de moi et qui va me ramener à la maison.»

Bien sûr, madame. Ils sont toujours là pour que vous puissiez remplir votre devoir.

C’est juste qu’ils sont incapables de retenir les leçons.

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Les meilleurs gags de la campagne électorale de 2019.

Mélanie Joly qui, la veille du scrutin, débusque «l’agenda caché» et la tendance souverainiste du Bloc québécois…

Dany Boudreault, candidat du Parti populaire dans la circonscription de Lac-Saint-Jean, qui déclare en toute candeur: «Un peu de réchauffement climatique au Lac-Saint-Jean, je ne suis pas trop contre. Sur le plan des forêts et de l’agriculture, me semble que ça nous profiterait grandement.»

Et voilà! Deux beaux poèmes à conserver précieusement dans nos mémoires et dans nos cœurs.

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Ça vient de sortir: Wave, le nouvel album de Patrick Watson. Autant j’ai adoré celui de Pierre Lapointe dont j’ai fait mention ici même la semaine dernière, autant le dernier Watson m’a jeté sur le cul. Intelligent, inspiré, maîtrisé, touchant, les qualificatifs me manquent. Ces temps-ci, j’ignore ce que certains de nos artistes mettent dans leur eau, mais la production de l’automne 2019 est absolument renversante! En cette semaine de l’Adisq, faites-vous des cadeaux. C’est le temps plus que jamais.

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Un autre boxeur est décédé la semaine dernière. Il s’appelait Patrick Day, il était âgé de 27 ans et avait passé les 4 derniers jours de son existence dans le coma à la suite d’un combat qui avait très mal tourné. En juillet, c’est le boxeur argentin Hugo Santillan qui est parti dans des circonstances presque identiques. Il avait été précédé deux jours plus tôt par le Russe Maxim Dadashev, qui avait lui aussi mangé une bonne volée lors de sa dernière présence dans le ring.

Question: avec l’amélioration des techniques d’entraînement et en considérant que l’homme a grandi de 15 cm et pris en moyenne une dizaine de kilos depuis un siècle, se pourrait-il que l’humain soit devenu trop puissant pour permettre à deux adultes qui ont atteint leur plein potentiel de se taper ainsi sur la gueule?

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