Bombardier malmenée à Toronto

Photo: Ryan Remiorz/La Presse Canadienne

Dans la foulée de l’entente d’achat de 75 avions de la CSeries par Delta Air Lines jeudi, l’enthousiasme affiché par le premier ministre du Québec Philippe Couillard envers Bombardier («Vive la Série C! Vive le génie du Québec!») avait de quoi faire sourciller ailleurs au Canada.

On le souligne très peu au Québec, mais le constructeur aéronautique montréalais est actuellement malmené (c’est un euphémisme) dans la presse torontoise pour ses nombreux retards dans la production des nouvelles voitures de tramway de la Toronto Transit Commission (TTC).

Dans un éditorial au titre sans équivoque – Bombardier has failed Toronto transit riders (Bombardier a abandonné les usagers torontois) –, le Toronto Star a condamné sans réserve cette semaine l’échéancier maintes fois repoussé par Bombardier, appelant la Ville Reine à prendre toutes les mesures judiciaires possibles contre la compagnie québécoise.

«Toronto transit riders have put a lot of faith in Bombardier, and an awful lot of money as well […]. In return, the company has made a complete hash of the project.»

Traduction libre : «Les usagers torontois ont donné leur confiance – et énormément d’argent – à Bombardier. En retour, la compagnie a complètement bâclé le projet.»

Le projet de 1,25 G$ prévoyait que 73 voitures seraient en circulation à Toronto dès la fin de l’année dernière. Les estimations de Bombardier prévoient maintenant que 30 nouvelles voitures seront en service d’ici la fin 2016.

Le caricaturiste du Star Theo Moudakis a fait ses choux gras de l’affaire, se demandant comment l’entreprise pouvait accumuler les délais et s’en tirer impunément. «Il ne s’agit pas de savoir pourquoi Bombardier ne peut respecter ses engagements pour le tramway, mais bien de savoir qui a engagé ces bozos?» lance-t-il dans une vidéo cinglante (incluse ci-bas) où il commente une de ses dernières illustrations.

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Cité par le Toronto Sun, le PDG de la TTC n’était pas d’humeur joviale lui non plus, qualifiant le nouveau délai «d’inacceptable». «Il est à peu près temps que Bombardier prenne ses responsabilités et s’explique aux citoyens de Toronto», a lancé Andy Byford.

«I don’t care how they do it, we want those streetcars.»

Traduction libre : «Je me fous de comment ils le font, nous voulons ces tramways.»

Comme si ce n’était pas assez, Bombardier fait également partie du consortium qui travaille sur le système léger sur rail devant être mis en service à Edmonton d’ici 2020. Et là-bas aussi, l’administration surveille la situation du constructeur montréalais de près.

Malgré tous les appels à l’aide de Bombardier et des partis politiques à Québec, on peut comprendre Ottawa d’y réfléchir à deux fois avant d’allonger 1 G$ de fonds publics pour secourir l’entreprise. D’autant plus que, selon plusieurs analystes, les avions de la CSeries sont vendus à rabais. C’est encore une fois le Toronto Star – qui ne lâche décidément pas le morceau –, qui a avancé les estimations les plus frappantes. Selon une source citée par la journaliste Vanessa Lu, les avions de la CSeries pourraient avoir été vendus plusieurs millions de dollars moins cher que ce qu’il en coûte pour les produire… ce qui est encore plus loin de leur valeur sur le marché ou simplement de leur valeur réelle, considérant les sommes colossales investies en amont dans le développement de l’appareil.

En dépit de la grande fanfare menée jeudi par le gouvernement du Québec, Bombardier est loin d’être au bout de ses peines.

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