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Changer les pansements, penser le changement

Dans le contexte où nous préparons collectivement la relance des activités sociales et économiques, les décideurs ont commencé à former des groupes de réflexion dans tous les secteurs d’activité. Si nul n’est contre la vertu, ne tombons pas dans le piège de la folie, soit de faire la même chose et de s’attendre à un résultat différent.

Certes, il faut changer les pansements. Car les malades ont besoin d’être soignés, les plus vulnérables ont besoin d’être protégés, les entités qui offrent des services essentiels ont besoin d’être outillées, les autres entreprises et les OBNL ont besoin d’être stabilisées et redémarrées, les institutions publiques ont besoin de se doter de moyens d’intervention et l’économie est à remettre en marche.

Mais nous n’avons ni les moyens, ni la capacité de changer autant de pansements chaque fois qu’une pandémie ou une crise similaire se produit.

C’est pourquoi il faut aussi penser le changement. Car la COVID-19 est la quatrième pandémie en moins de 20 ans dans le monde. Elle disparaîtra grâce à la découverte d’un vaccin.

Les pandémies, elles, continueront de faire partie de notre réalité. Elles proviendront de la contamination de millions de mètres cubes d’océan par les matières résiduelles de nos entreprises créatrices d’emplois, de richesse et de technologies propres, qui infecteront notre chaîne alimentaire.

Elles proviendront de milliers d’hectares d’anciens sites miniers et de coupes à blanc répertoriées à chaque année que l’on ne parvient pas à réhabiliter et qui forcent la migration de la faune et de la flore vers des milieux qui leurs sont hostiles.

Bref, elles proviendront de la reprise de l’altération des paysages naturels au service de notre consommation, à la même vitesse et avec la même ampleur qu’avant et qui ne laisse pas le temps à la nature de se stabiliser, ni à l’humain de s’adapter.

C’est à cette réalité que nous devrons nous attaquer.

Nul besoin de calculs compliqués pour établir que la création d’un marché pour la gestion de ces quelques exemples d’altération du paysage naturel pourrait nous épargner les centaines de milliards de dollars que nous risquerions de débourser de nouveau si l’histoire se répétait.

Ce nouveau marché sera celui de nouvelles entreprises essentielles dédiées aux soins de la planète, de nouveaux modèles d’entreprise à échelle humaine et de la création de tâches de travail variées qui n’excluent pas en fonction du niveau d’éducation ou de qualification.

C’est sur ce genre de solutions que nous devrions nous pencher de concert avec des spécialistes de la santé publique, des sciences de l’environnement et du numérique, des éducateurs, des aménagistes et des représentants de groupes sous-représentés dans l’économie traditionnelle.

Car maintenant que nous connaissons le coût des pansements d’une pandémie pour la société et l’économie, peut-être serions-nous ouverts à l’idée de penser le changement?

Finalement, ne tombons pas dans le piège de faire jouer les vieux disques du développement durable des années 1990 et s’attendre à ce que tous y adhèrent soudainement à cause de la crise actuelle.

Rappelons-nous que le développement durable est une trajectoire de développement que l’on choisit de tracer dans nos champs d’action respectifs pour léguer aux générations futures une planète et une société en bon état.

Cela signifie qu’il ne suffit pas d’annoncer des intentions, ni de définir des cibles, aussi ambitieuses soient-elles. Nous devrons surtout assumer notre point de départ, notre réalité et la vitesse à laquelle notre société est en mesure de progresser. Car à mesure que les problèmes évoluent, les solutions doivent aussi se réinventer.

Juste Rajaonson, Montréal

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