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Il faut arrêter de jouer avec la santé des travailleuses et travailleurs

Les travailleuses et travailleurs que nous [la Fédération de la santé et des services sociaux] représentons sont les plus touchés par la pandémie de la COVID-19. Depuis des mois, nous accompagnons les milliers de préposé-es aux bénéficiaires, d’ASSS [auxiliaires aux services de santé et sociaux], de préposé-es à l’entretien ménager, les agentes administratives et l’ensemble du personnel du réseau de la santé et des services sociaux infectés par le virus. Ce sont nos membres qui mettent leur santé en danger depuis le début. Elles le font parce qu’elles ont à cœur de prendre soin de la population. Comment expliquer que le gouvernement s’entête à nous envoyer au front mal équipé?

Les remerciements du premier ministre Legault ne suffisent pas à protéger le personnel. C’est qu’il en faut bien plus pour assurer notre protection. Malgré nos appels répétés, le gouvernement, la santé publique et la CNESST font la sourde oreille avec le résultat que nous connaissons maintenant. C’est plus de 13 600 travailleuses et travailleurs du réseau qui ont été infectés, dont certains qui ont même laissé leur vie. Comme nous représentons la majorité d’entre elles, nous savons toute la détresse et le stress qu’elles vivent. Nous avons accompagné les proches, les amis et les familles des travailleurs infectés et décédés.

Nous avons été abandonnés. Le terme est fort, mais il met le doigt sur le bobo. Les recommandations de la santé publique, qu’appliquent aveuglément les établissements, n’ont pas permis de protéger le personnel. Et c’est sciemment qu’ils continuent à mettre le personnel à risque.

Dès le début de la pandémie, alors qu’il y avait incertitude sur le mode de transmission, nous avons demandé à être protégés contre une éventuelle transmission aérienne
du virus, ce qu’on nous a refusé.

La transmission du virus par aérosol apparaît de plus en plus comme probable. L’OMS l’a d’ailleurs reconnu récemment et de nombreuses recherches pointent maintenant dans ce sens. Comment expliquer que la santé publique continue de recommander le port de masques, d’équipements ainsi que des procédures de prévention qui ne protègent pas contre ce mode de transmission?

Face au refus des employeurs de changer de cap, nous demandons à la CNESST d’appliquer le principe de précaution et de forcer les employeurs à rehausser les mesures de protection au travail.

Les conséquences d’une infection à la COVID-19 sont très sérieuses. On sait maintenant que des lésions pulmonaires, cardiaques et neurologiques permanentes sont possibles.

Il faut absolument tout faire pour éviter de revivre l’hécatombe dans le réseau. Avec une deuxième vague qui pourrait se pointer le bout du nez plus tôt que tard, il est urgent d’agir.

Le gouvernement, la santé publique et la CNESST ne pourront pas plaider la surprise et doivent prendre leurs responsabilités. Répéter les erreurs de la première vague n’est pas une option.

Qu’attend-on alors pour annoncer ce qui sera fait pour mieux protéger les travailleuses et travailleurs qui rentrent au boulot chaque matin pour soigner la population?

Le silence du gouvernement sur cette question a de quoi inquiéter.

Le premier ministre est sur toutes les tribunes depuis des mois. Souvent, il laisse entendre que c’est par notre faute si les choses ne vont pas comme il le voudrait. Plutôt que de chercher des coupables du côté de celles et ceux qui répondent aux besoins de la population, il devrait plutôt mettre ses énergies à assurer notre sécurité.

Les Québécoises, les Québécois et le personnel du réseau méritent plus que le bilan de la première vague. Nous devons faire mieux et pour cela, il est temps d’écouter les préoccupations des travailleuses et travailleurs au front.

Jeff Begley, Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) et 11 signataires

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