Soutenez

La fécondation in vitro doit être couverte par la RAMQ

Myriam Boivin-Comtois - Métro

Au Canada, un couple sur six recevra un diagnostic d’infertilité de nature diverse quand il décidera de fonder une famille. Si certains problèmes se règlent plus facilement que d’autres, pour bon nombre de femmes et de couples, il en va autrement et la solution à leurs problèmes de santé est la procréation assistée. Celle-ci propose plusieurs démarches selon les problèmes de chaque personne diagnostiquée dont l’insémination artificielle et la fécondation in vitro (FIV).

La FIV comporte plusieurs risques pour la santé et elle n’est pas prise à la légère par les patientes et leurs médecins. Depuis quelques années, à ces risques bien réels pour la santé s’ajoute un fardeau financier intenable. En effet, un cycle de FIV peut coûter jusqu’à 15 000$ et il semble être dans la moyenne de devoir passer par plus d’un cycle pour arriver à concevoir un.e enfant.

Cet état des choses nous atterre étant donné qu’il nous paraît absurde de devoir payer, au Québec, jusqu’à 60 000$ pour un problème de santé médicalement reconnu (par l’OMS, par les associations médicales du pays, par le ministère de la Santé, etc.) Tout le monde semble d’accord, tant au gouvernement que parmi les professionnel.le.s de la santé et les patient.e.s, sur le fait qu’il n’y a pas de différence entre un problème de santé menant à des difficultés de fertilité et un autre d’une nature différente. Cette somme astronomique n’est pas du tout à la portée de toutes les bourses, on s’entend, et de surcroît si l’on comprend qu’il n’y a pas de garantie de succès (comme pour n’importe quel traitement médical).

D’ailleurs, dans le passé, ce problème de santé était reconnu et pendant des années, les traitements en FIV étaient couverts (en partie ou en tout) par la RAMQ. Toutefois, le ministre Barrette a jugé nécessaire, alors qu’il était à la barre du ministère de la Santé, de retourner en arrière et d’annuler la couverture semant ainsi la consternation parmi les professionnel.le.s de la santé et plongeant, du même coup, les personnes n’ayant d’autres recours que la FIV dans une situation plus que difficile sur le plan financier, mais surtout émotionnel.

Par ailleurs, nous jugeons que la réforme Barrette comporte son lot de contradictions alors qu’elle fait la distinction, par exemple, entre les patientes devant passer par l’insémination artificielle, laquelle procédure bénéficie en ce moment d’une couverture financière, et ces autres patientes qui doivent passer par la FIV (qui n’est pas du tout remboursée). L’étonnement se poursuit alors qu’on apprend que le taux de succès, pour chaque cycle de traitements est évalué à environ 15% pour la première procédure et jusqu’à 33% pour la FIV (si la procédure est réalisée avant le 35e anniversaire de la femme).

On a donc reconnu que les problèmes de fertilité étaient bel et bien d’ordre médical et devaient être pris en charge par la RAMQ, mais apparemment seulement quand la facture n’est pas trop élevée. C’est une aberration puisque personne ne choisit la FIV et tous les ennuis médicaux qu’elle comporte plutôt que l’insémination artificielle, qui est une procédure moins dangereuse : le diagnostic médical prescrira telle ou telle procédure selon les problèmes de santé détectés. Ce n’est pas un caprice; c’est un traitement médical.

Cette décision de ne plus couvrir les frais liés aux traitements en FIV, pour le moins controversée, n’a pas du tout plu à la CAQ, apparemment, et le remboursement d’une partie des coûts liés à la FIV (passant par un crédit d’impôts, par exemple) faisait partie des promesses électorales du parti de M. Legault. À ce sujet, en février 2020, Le Devoir apprenait qu’un projet de loi allait être déposé au printemps et que la gratuité des traitements ferait partie du budget du 10 mars. Or, le budget de mars tant attendu ne contenait finalement rien à cet égard et depuis, plus rien ne transpire à ce sujet […]. La ministre de la Santé, Mme McCann, signait pourtant une lettre, en novembre dernier, réitérant que la couverture des services serait rétablie en 2020.

Le temps passe, les promesses se succèdent et puis voilà, pour plusieurs, l’attente a rendu ou rendra prochainement biologiquement impossible la conception d’un.e enfant, l’âge étant, comme tout le monde le sait bien, un facteur déterminant.

Myriam Boivin-Comtois, et plus de 140 signataires

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.