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Les chiens aboient. Le train passe. Et les vélos roulent.

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Depuis la fin mars, mépriser Montréal semble être devenu tendance. On critique à la fois la ville pour son piètre bilan COVID-19, pour ses aménagements temporaires à mobilier orange et surtout, oh surtout, pour l’apparition de ses nombreuses pistes cyclables.

D’abord, il a toujours été «tendance» de critiquer la ville. Ce n’est pas un phénomène nouveau et il ne faut pas trop s’en étonner. Si ce n’est pas «l’inertie» d’un maire, alors ce sont les constructions anarchiques ou la trop forte tendance à vouloir diversifier la mobilité urbaine.

Same. Same. On a déjà vu ce film-là.

Mais réglons tout de même une chose. Le bruit assourdissant et la profonde hargne d’une frange de la population envers une mobilité urbaine diversifiée sont absolument disproportionnés. Il y a soudainement beaucoup trop de pop-urbanistes qui hurlent leur mépris sur la place publique. Peut-être serait-il juste de se rappeler que «faire société» n’a jamais été quelque chose de simple. Il ne faut pas trop s’étonner qu’il soit, de Platon à aujourd’hui, plus difficile d’essayer de penser le bien commun que notre propre bien individuel. C’est là tout le défi du politique que de jouer avec cette tension entre le «nous» et le «je». Et ce n’est malheureusement (ou heureusement peut-être, car nous pouvons sans cesse le penser à nouveau!) pas un problème soluble. C’est un travail constant. La condition de l’être humain.

Ce qui surprend cependant réellement, c’est le silence abyssal dans le clan opposé. Si bien que l’essentielle discussion publique ne semble pas avoir lieu. «Que les cyclistes prennent la parole!» «Où sont les cyclistes?» Le problème est que quelque chose comme un «cycliste» n’existe pas tout à fait. La plupart d’entre nous ne sommes pas que des «cyclistes» (soit ce membre étrange d’une secte qui a le grand privilège de voir son tronçon d’un mètre déneigé avant le Tout-Montréal). Non. Nous sommes des piétons, des cyclistes, des automobilistes, des usagers du transport en commun. Nous sommes bien avant tout cela, chimistes, professeures, étudiantes, baristas, traducteurs, parents, enfants, etc.

Nous sommes tout simplement des citoyens. Des citoyens heureux de pouvoir penser de façon plus diverse les déplacements sur notre île.

Les chiens aboient. Le train passe. Et les vélos roulent.

Annie-Claude Thériault (professeure de philosophie au Collège Montmorency)

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