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Je suis tannée

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Sélina Tadros - Collaboration spéciale

Je vous dessine le portrait de ma vie avant la COVID : je suis étudiante à l’université, je vois mes amis régulièrement, je m’implique dans des activités parascolaires, je sors au restaurant et dans les bars régulièrement, je m’entraîne plus de cinq fois par semaine dans un centre de conditionnement physique pour ma santé physique et mentale et je travaille à temps partiel dans le service à la clientèle.

La première vague de COVID frappe et la vie de tout le monde en prend un coup. L’été arrive, les règles s’assouplissent, mais le gouvernement nous dit qu’il a appris de la première vague et que la deuxième sera mieux gérée.

La deuxième vague le «prend par surprise» et le nombre de cas de COVID monte en flèche. Le gouvernement a commencé par fermer les cégeps et les universités dès le début de l’année scolaire afin de limiter les contacts entre les jeunes et ainsi la propagation du virus. OK.

Je comprends totalement et je suis de leur côté. Je suis capable de faire mes cours à distance, cela fait déjà un bout de temps que je le fais. Le gouvernement ferme ensuite les restaurants et les bars puisqu’ils sont un vecteur de contamination important. OK. Je suis déçue, mais je comprends.

Je limiterai mes sorties. En même temps, le gouvernement interdit non seulement les rassemblements, mais aussi les visites dans d’autres domiciles. OK. Je suis isolée et je me sens seule.

Je ne pourrai pas voir mes amis pendant un certain temps, mais c’est temporaire. Si toutes ces mesures peuvent aider la population complète à s’en sortir, je les suivrai à la lettre. À ce point-ci, il me reste deux raisons de sortir de chez moi, mon emploi dans un service essentiel et mes entraînements dans un centre de conditionnement physique.

Un centre qui suit depuis le début les règles, qui limitait le nombre de personnes à l’intérieur avant même que le gouvernement l’oblige, qui désinfectait régulièrement chaque machine et qui s’assurait qu’il n’y ait aucune proximité entre les membres. Bref, un centre où il faisait du bien de s’entraîner et de se libérer du stress constant de la situation actuelle.

Le 5 octobre, le gouvernement annonçait la fermeture des centres de conditionnement physique pour aucune raison évidente. Je ne suis plus OK.

Je ne suis plus de leur côté. Je suis isolée. Je n’ai plus de motivation. Je ne peux plus prendre soin de ma santé mentale et physique. Je suis tannée.

Pour aller travailler, je passe devant une école secondaire. Je suis outrée de voir des groupes d’étudiants, sans masque, sur le terrain de l’école à se passer une cigarette sur laquelle ils aspirent tous à tour de rôle. Ils rient, ils s’amusent, j’ai presque l’impression qu’ils rient de tous ceux et celles qui doivent rester confinés à la maison alors qu’eux ont droit à ce privilège. Je suis tannée.

Je suis tannée de sentir que le gouvernement n’a pas appris de la première vague. Je me lave les mains, j’évite de sortir inutilement, je diminue considérablement mes interactions sociales jusqu’à les éliminer complètement, je porte mon masque en tout temps, j’attends en file d’attente à deux mètres de la personne devant moi, je ne voyage plus et j’évite à tout prix d’être en contact avec des personnes à risque de complications de la COVID.

J’avais confiance envers le gouvernement et je suivais les recommandations qu’il mettait de l’avant.

Aujourd’hui, je suis tannée de me faire tout enlever et je ne dois pas être la seule. J’ai l’impression que ce sont toujours les mêmes qui paient et j’en fais malheureusement partie. Je suis de retour à la case départ du printemps dernier.
Je n’en peux plus de cette improvisation de la part de notre gouvernement. Je suis confinée et mes activités me sont toutes enlevées. Je suis si tannée et fâchée, mais je ne peux pas m’exprimer. Aujourd’hui, je me suis tannée et j’ai écrit tout ce que je ressentais.

Sélina Tadros, étudiante universitaire

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