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Commission Laurent: prévenons la maltraitance faite aux tout-petits bien avant que la DPJ n’intervienne

Photo: Archives
Fannie Dagenais - Collaboration spéciale

Le 30 novembre dernier, la Commission Laurent, mandatée par le gouvernement du Québec, a déposé les grandes orientations de son rapport, dont le dépôt est prévu le 30 avril prochain. Nous pouvons nous réjouir de l’attention portée à la petite enfance ainsi que de la place qu’occupe la prévention dans ces nouvelles orientations. Car bien qu’elle soit malheureusement essentielle dans certains cas, l’intervention des directions de la protection de la jeunesse (DPJ) est un ultime recours pour mettre en place l’aide requise auprès de l’enfant et sa famille. Il nous faut agir en amont, pour éviter le plus possible que les situations de maltraitance se produisent. Prévenir plutôt que guérir.

De nombreuses études indiquent que les conditions dans lesquelles les tout-petits grandissent peuvent augmenter le risque qu’ils soient victimes de maltraitance. Afin de faciliter la compréhension, on peut comparer une famille à une marmite presto. Plus les facteurs de risque s’accumulent au sein d’une même famille, plus la température de l’eau augmente. On peut penser par exemple au stress vécu par les parents, à leur santé mentale, au manque de soutien ou encore au fait de vivre de la pauvreté : ce sont tous des facteurs qui augmentent la pression au sein des familles, et qui peuvent augmenter le risque que des situations de maltraitance se produisent.

Quel est le niveau de pression au sein des familles au Québec?

Les données dont nous disposons nous indiquent que de nombreuses familles québécoises étaient touchées par l’un ou l’autre de ces facteurs de risque, et ce, bien avant la pandémie. Or, la pandémie a eu pour effet d’exacerber les sources de stress au sein de nombreuses familles. Et c’est encore pire chez les familles en situation de vulnérabilité, qui sont celles qui ont été frappées le plus durement par la crise. Un récent sondage a révélé que 51 % des parents estiment que leur niveau de stress associé à la COVID-19 est élevé, un résultat qui atteint 69 % chez les parents dont le revenu familial total avant impôt est de moins de 40 000 $. De plus, 44 % des parents de tout-petits ont affirmé que la pandémie a eu un impact négatif sur leur capacité à garder leur calme avec leur enfant.

En 2019-2020, les DPJ ont retenu pour évaluation 14 179 signalements concernant des enfants âgés de 0 à 5 ans. Ce chiffre est particulièrement préoccupant, sachant que plus la maltraitance se produit tôt dans la vie, plus les conséquences sur le développement de l’enfant, sa santé et le reste de sa vie sont importantes. Les tout-petits ayant été victimes de maltraitance sont plus à risque de développer des retards sur le plan du développement. Ils sont également plus susceptibles, en grandissant, de décrocher, de souffrir de dépression ou même de se montrer violents à l’égard de leurs propres enfants. Un effet domino qu’il faut à tout prix éviter.

Agir, dès maintenant!

Que pouvons-nous faire collectivement? D’abord, s’assurer de pouvoir intervenir efficacement lorsque des situations sont signalées, et ne pas hésiter, comme citoyen, à procéder à un signalement même si nous n’avons qu’un doute. Être là pour les parents, prendre de leurs nouvelles, les écouter. S’assurer que les familles ont accès et sont soutenues par les services de première ligne. Offrir aux familles les plus vulnérables des mesures de soutien financier et améliorer l’accès à des logements abordables et de qualité. En d’autres termes : tisser un filet de protection autour des familles et améliorer leurs conditions de vie pour faire diminuer la pression, bien avant que la situation de maltraitance ne se produise.

Fannie Dagenais, Directrice de l’Observatoire des tout-petits

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