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Le Canada anglais n’aime pas les Jeanne d’Arc

Photo: Archives
Loïc Brurat - Collaboration spéciale

La Cour Suprême du Canada se penche-t-elle sur les récentes affaires de l’Université d’Ottawa pour éviter que cela ne devienne davantage une crise nationale historique?

Dans le média franco-ontarien ONFR+ du 31 mars 2021, on y apprend qu’un ancien juge de la Cour Suprême du Canada, Michel Bastarache, dans le but de ramasser les pots cassés, sera mandaté par le recteur Jacques Frémont à faire des ponts entre la diversité, l’indépendance de l’establishment, la liberté d’expression et la liberté académique. C’est la seconde fois qu’un juge de la Cour Suprême participe aux réflexions nécessaires de «la plus grande université bilingue du monde» (rappelons-nous de l’excellente lettre d’opinion de Louise Arbour du 22 octobre 2020 dans Le Devoir, Les maux et les mots). Deux anciens juges francophones à se pencher sur une université symboliquement bilingue… Où sont les anglophones dans ce débat public qui les concernent tout autant que les autres?

C’est à se demander s’il n’existe pas, là aussi, deux poids, deux mesures… C’est même inquiétant que les médias francophones reçoivent si peu d’échos (depuis cinq mois) sur l’Affaire Lieutenant-Duval ou sur l’Affaire Attaran dans les médias canadiens-anglais, comme si le fond de ces affaires-là ne soient pas suffisamment importants pour qu’ils daignent nous faire part de leur point de vue sur la chose. Après tout, le lynchage est une pratique apparemment peu documentée au Canada, faute de ne pas garder les preuves historiques et d’en retenir que certains cas isolés… Mais il est possible d’en nommer quelques-uns. Louis Riel et Verushka Lieutenant-Duval, par exemple…

On a voulu tuer Riel à la suite de l’exécution par les Métis de Thomas Scott (un Orangiste comme on les aiment chez les White Anglo-Saxon Protestants du XIXe siècle, WASP pour faire court). On a voulu oblitérer Lieutenant-Duval pour avoir prononcé un mot qu’on ne sait différencier entre la péjoration et le contexte, en la discréditant sur la place publique telle qu’on le ferait à l’égard d’une mauvaise mère (bonjour le sexisme). Mais dès qu’on dénonce un homme qui parjure, sans distinction, collègues et francophones du haut de son statut de professeur titulaire d’université, une caricature surgit derrière le droit à la toute-puissante «liberté d’expression», celle d’un Thomas Scott du XXIe siècle pour ces «néo-Orangistes»!

Un patron se répète: le Canada anglais n’aime pas les Jeanne d’Arc. En ne participant pas ou peu aux débats actuels autour de la remise en question d’un symbole national qu’est l’Université d’Ottawa, les WASP finiront, encore, à ne retenir que la forme plutôt que le fond de ces affaires-là: le bûcher, la pendaison et le lynchage public. Une stratégie pour éviter de se sentir confronté ou de se réactualiser, je suppose? À quoi bon participer à l’histoire si ce n’est que pour mieux répéter les âneries du passé commun, pour maintenir un certain statu quo, n’est-ce pas?

Si la province de Québec était une femme, alors cela ferait depuis trop longtemps qu’elle endure le dénigrement, les insultes, et le manque aberrant de soutien moral de son mari qu’est le Canada. En extrapolant la réflexion, je ne peux qu’imaginer les horreurs que doivent encore subir à ce jour les Autochtones, ces «enfants» toujours sous la tutelle de la Couronne… Pour le meilleur et pour le pire.

Loïc Brurat (étudiant, Université de Sherbrooke)

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