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Une chance de se loger

Photo: Archives
James Hughes - Collaboration spéciale

C’est en avril que commence la recherche d’un logement pour plusieurs Québécois. En effet, ceux dont le bail se termine à la fin juin ont généralement jusqu’au 31 mars pour décider s’ils souhaitent renouveler leur entente ou déménager.

Pour les personnes itinérantes à Montréal, la fin mars marque normalement la fermeture des installations hivernales. Ces personnes doivent alors se mettre en quête d’un endroit où dormir. Environ 700 femmes et hommes dépendent actuellement des services d’urgence temporaires.

Cette année, en raison de la pandémie, la Ville de Montréal et les autorités de santé publique ont prolongé l’ouverture de ces installations de trois mois. Les centres de jour et les unités temporaires de débordement comme l’Hôtel Place Dupuis resteront ouverts jusqu’au 30 juin. Nous aurons donc plus de temps pour aider les personnes sans-abri à trouver un logement permanent.

Présentement, le marché locatif est un peu plus favorable que d’habitude avec un taux d’inoccupation de près de 3 %, comparativement à 1,5 % en 2019. Mais même si le nombre de logements disponibles est en hausse, nous devons veiller à ce que les personnes sans-abri puissent non seulement trouver un appartement décent, mais également le conserver. Un bon moyen d’y parvenir est le supplément au loyer.

Un supplément au loyer est une subvention provinciale au logement pour les personnes à faible revenu. Le hic, c’est que seulement 170 suppléments au loyer sont actuellement disponibles pour les personnes sans-abri dans le cadre d’une initiative conjointe appelée Projet Logement Montréal (PLM).

Nous pouvons et devons faire mieux

Le supplément au loyer, une mesure clé Dans les faits, les suppléments au loyer s’avèrent moins coûteux que les services d’urgence. Mettre un toit permanent au-dessus de la tête d’une personne grâce à un supplément au loyer revient à 701 $ par mois, selon le Réseau canadien de recherche sur l’itinérance. En comparaison, le recours aux services d’urgence pour éviter qu’une personne se retrouve à la rue coûte plus de 4 000 $ par mois, soit environ six fois plus.

Le budget 2021-2022 prévoit la création de 400 nouveaux suppléments au loyer, disponibles pour les personnes ayant des « besoins spécifiques ». Un peu plus de 16 millions de dollars seront consacrés au cours des cinq prochaines années aux ménages à faible revenu. C’est une bonne nouvelle, mais cela ne répond pas aux besoins urgents de la population itinérante.

Déjà avant la pandémie, plus de 3 000 personnes étaient recensées comme étant visiblement sans-abri à Montréal. Si les groupes communautaires comme PLM se voyaient attribuer les nouveaux suppléments au loyer, ils pourraient se mettre rapidement à l’œuvre. Aussi, rendre ces 400 suppléments au loyer « transférables » (liés à la personne plutôt qu’à un appartement) permettrait aux bénéficiaires de choisir le type d’endroit et de quartier où ils veulent vivre.

Éviter d’autres campements temporaires

L’été dernier, les Montréalais ont été troublés de voir des centaines de personnes s’établir au campement Notre-Dame. Dans la plupart des autres grandes villes canadiennes, les campements de ce type existent depuis plusieurs années. Le gouvernement québécois peut éviter que cette situation se reproduise en allouant des suppléments au loyer aux personnes sans-abri.

Le décompte est maintenant commencé : il reste trois mois pour empêcher une hausse du nombre de personnes qui dorment dans la rue et dans des camps de fortune.

Alors que la solution est à portée de main, pourquoi ne pas saisir, dès maintenant, l’occasion d’offrir aux personnes sans-abri un nouveau départ dans la vie?

James Hughes, président et chef de la direction, Mission Old Brewery

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