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Bannissons le gaz naturel dans la nouvelle construction au Québec

Photo: Archives
Jean-Pierre Finet, Franklin Gertler et 39 organismes - Collaboration spéciale

Le Plan pour une économie verte du gouvernement du Québec (PEV) vise une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 37,5 % en dessous des niveaux de 1990 à l’horizon 2030. Pour ce faire, le Québec doit réduire ses émissions de 29 millions de tonnes de GES. Cependant, le PEV ne prévoit qu’une réduction de 12,4 millions de tonnes, soit 42 % des efforts requis. Il reste beaucoup de travail à faire. Une des manières de nous rapprocher à peu de frais de nos objectifs de réduction de GES est de bannir le gaz naturel dans la nouvelle construction.

Une étude des HEC publiée en janvier 2020 démontre que 79 % des usages du gaz naturel actuels pourraient être convertis à l’électricité. Il est temps d’agir en ce sens et, surtout, de ne pas nuire au ratio en ajoutant des approvisionnements en gaz là où ils ne sont pas nécessaires.

Or, Énergir et Gazifère continuent de raccorder, année après année, des milliers de nouvelles constructions, maisons, logements et commerces qui pourraient, et qui devraient, être chauffés à l’électricité. Ces ajouts de charge annuels en gaz naturel génèrent autant de GES qui auraient facilement pu être évités.

Énergir et Gazifère se félicitent de leur promotion du développement du gaz naturel renouvelable (GNR) pour tenter de pérenniser le rôle du gaz dans notre bouquet énergétique. Cependant, bien que le GNR soit en théorie carboneutre si les moyens de production sont véritablement durables, sa contribution potentielle aux approvisionnements est très limitée. Il est question d’injecter 5 % de GNR en 2025 et 10 % en 2030. Cela veut dire que 90% du gaz brûlé serait toujours d’origine fossile et en très grande majorité de schiste, une énergie sale associée à de fortes émissions de GES. Le GNR ne devrait pas être utilisé pour concurrencer l’électrification des équipements. La commercialisation stratégique du GNR devrait être d’abord et avant tout priorisée pour la gestion de la pointe en demande d’électricité l’hiver et l’alimentation des 21 % des usages industriels qui ne peuvent techniquement être convertis à l’électricité.

D’autres juridictions ont bien compris cet illogisme énergétique et environnemental. En Europe, la France, la Suède et les Pays-Bas ont décidé de bannir le gaz naturel dans la nouvelle construction, même le gaz naturel renouvelable. Plus près de chez nous, des douzaines de municipalités californiennes, telles que San Jose, Berkeley et Seattle, ont aussi décidé de bannir le gaz naturel dans les nouveaux bâtiments. Ce mouvement a gagné la côte est américaine, où plusieurs villes, dont Boston, considèrent adopter de tels règlements.

Les municipalités québécoises détiennent aussi d’importants pouvoirs en matière environnementale. Le 7 novembre 2021, des élections municipales auront lieu. Les élu-e-s auront certainement la capacité de mettre fin au gaz naturel dans les nouveaux bâtiments de leur localité et ainsi contribuer à stopper cette hémorragie environnementale.

Jean-Pierre Finet, analyste en énergie, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)

Franklin Gertler, avocat, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)


Les 39 organismes suivants, dont les huit membres du ROEÉ, cosignent cette lettre ouverte :

Nature Québec

Fondation Rivières

Écohabitation

Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ)

La Fondation Coule pas chez nous

L’Association madelinienne pour la sécurité énergétique et environnementale (AMSÉE)

Canot Kayak Québec

Regroupement pour la surveillance du nucléaire

Équiterre

Greenpeace Canada

Eau Secours

Action boréale

GRAME (Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement)

Citoyens au Courant

Gazoduq, parlons-en !

Action Climat Outaouais (ACO)

TerraVie – fonds foncier communautaire

Transition Capitale-Nationale

Environnement Vert Plus

Action Environnement Basses-Laurentides

Amis de là Chicot et Conseil régional d’environnement de Lanaudière

Association pour la protection des espaces verts de L’Île-Bizard

Coalition Étudiante pour un Virage Environnemental et Social

Coalition La Pêche pour un New Deal Vert

Comité de vigilance Lanoraie

Comité des Citoyens et Citoyennes Protection de l’Environnement Maskoutain

Comité vigilance hydrocarbures de la MRC de L’Assomption

Comité vigilance hydrocarbures de Lavaltrie

Fabrique de saint Cuthbert

Jardin Bio Mattéo

Le danger de l’insecticide Bti sur la biodiversité

Les Amis de la Chicot de Saint-Cuthbert

Lotbinière en transition

Mobilisation climat Trois-Rivières

Mouvement écocitoyen UNEplanète

NON à une marée noire dans le Saint-Laurent

Prospérité Sans Pétrole

Rive-Sud en transition

MÉPAL

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À propos du ROEÉ

Le ROEÉ, fondé en 1997, participe activement aux consultations et audiences de la Régie de l’énergie, ou auprès d’autres forums pertinents, afin de défendre de manière efficace le point de vue des groupes et organismes à vocation environnementale dans le domaine énergétique. Les membres du ROEÉ font connaître au grand public les enjeux soulevés à la Régie en les commentant et en sensibilisant sur la question environnementale dans le domaine énergétique. Le ROEÉ est composé de huit groupes environnementaux, soit l’Association madelinienne pour la sécurité énergétique et environnementale (AMSÉE), Canot Kayak Québec, Écohabitation, la Fondation Coule pas chez nous, la Fondation Rivières, Nature Québec, le Regroupement pour la surveillance du nucléaire et le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ). Ces groupes représentent des milliers de membres individuels et de multiples organisations au Québec.

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