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La peur du mot en «S» du premier ministre François Legault

Photo: Archives
Sacha-Wilky Merazil - Collaboration spéciale

En début de semaine, le verdict est tombé, le policier déchu Derek Chauvin a été reconnu coupable à l’unanimité des trois chefs d’accusation le visant dans la mort de l’afro-américain George Floyd en mai 2020.

Les échos dudit verdict ont résonné assez fort pour se faire entendre chez nous au Québec. Le racisme systémique a été reconnu chez nos voisins du sud dans plusieurs états américains et par le président américain Joe Biden lui-même. Quant au Canada, plusieurs politiciens canadiens et québécois ont reconnu cette problématique lors de la dernière année notamment le premier ministre canadien Justin Trudeau, le premier ministre d’Ontario Doug Ford, la mairesse de Montréal Valérie Plante, le maire de Québec Régis Labeaume, etc.

Or, François Legault de son côté continue de nier l’existence du racisme systémique au Québec. On a souvent entendu Monsieur Legault dire qu’il « n’y a pas un système raciste au Québec ».

Il a tout à fait raison. Il n’y a pas de règles écrites favorisant ou encadrant le racisme dans l’organigramme de La Belle Province.

À titre d’exemples, j’irai même plus loin, en tant que fier québécois, en disant que les Québécois ne sont pas racistes. Le peuple québécois est un grand peuple accueillant et généreux. Je pense aux nombreuses fois où ce peuple a aidé le pays de mes parents originaires d’Haïti. Je pense aussi à l’an 2015, quand de nombreux Québécois ont accueilli et parrainé des familles fuyant la guerre en Syrie. Il y a de nombreuse fois où la nation québécoise a fait preuve d’ouverture et de compassion.

On peut tout de même reconnaître qu’il y a des individus racistes ou qui ont des comportements discriminatoires envers les personnes issues de minorités, et c’est exactement cela le racisme/discrimination systémique.

Le fait d’avoir des gens dans les institutions étatiques, gouvernementales, provinciales, municipales et autres composantes ayant un rapport de contrôle et de pouvoir hiérarchique qui adoptent une attitude raciste dans leur fonction, c’est automatiquement du racisme systémique. Le fait que monsieur Legault nous dit qu’il y a une minorité de gens racistes au Québec. C’est vrai, il a raison sur ce point.

Nonobstant ce fait, il y a une différence entre une personne raciste chez elle dans son salon qui regarde les nouvelles ou encore celle derrière son clavier sur les réseaux sociaux versus le policier qui va intercepter une personne en raison de sa couleur de peau ou encore l’infirmière qui va laisser mourir une personne appartenant à une minorité lorsqu’elle est en détresse.

Pensons aux cas récents de Mamadi Camara et de Joyce Echaquan (encore une fois, nous devrons attendre les conclusions des enquêtes pour les deux cas, mais les évidences de racisme systémique sont claires).

Le fait que le gouvernement québécois a décidé de créer un ministère de lutte au racisme en y nommant Benoit Charette démontre une forme d’ouverture, mais qui ne changera en rien les choses concrètement.

Vouloir combattre le « racisme de salon » ou le « racisme ordinaire » de gens qui ont des préjugés ne va pas diminuer les interpellations des personnes issues de minorités et encore une fois, le racisme systémique se doit d’être reconnu et d’être expliqué au peuple québécois afin d’avoir un vrai débat de société permettant de comprendre et de vaincre le racisme systémique. Soyons clairs, le racisme tout court devient systémique une fois que la personne raciste répète ce comportement en tant qu’employé de l’État.

Je finirai ce billet en disant que le racisme systémique n’est pas une problématique montréalaise uniquement. Avec deux députés sur l’île de Montréal, peut-être que cette réalité semble bien éloignée du Conseil des ministres et des priorités gouvernementales. Somme toute, un débat de société permettrait aux Québécois et Québécoises de voir que même en régions le racisme systémique existe.

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