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La Voie lactée pourrait contenir des dizaines de civilisations extraterrestres

Une silhouette d'un homme se tient devant le ciel nocturne, traversé par la Voie lactée. Selon une nouvelle recherche, la Voie lactée pourrait contenir au moins 36 civilisations extra-terrestres intelligentes.
La Voie lactée, telle que vue dans le ciel nocturne de la Terre. Photo: Denys Bilytskyi/123rf.com

Une nouvelle étude suggère qu’il pourrait y avoir plus de 30 civilisations extraterrestres à l’intérieur même de notre propre galaxie, la Voie lactée. Métro s’est entretenu avec les auteurs.

«Sommes-nous seuls dans l’Univers?»

Voilà l’une des plus grandes et des plus anciennes questions que se sont posées les humains au cours de l’histoire. Des scientifiques de partout à travers la planète sont à la recherche de formes de vie intelligente ailleurs dans l’Univers et tentent de savoir si nous pourrions, un jour, entrer en contact avec eux. Une nouvelle étude de l’Université de Nottingham, au Royaume-Uni, et publiée dans The Astrophysical Journal suggère que nous n’avons pas à regarder aussi loin.

Présumant qu’il y aurait de la vie intelligente sur d’autres planètes semblables à la Terre, les chercheurs ont obtenu une estimation du nombre de civilisations extraterrestres qui pourraient potentiellement communiquer entre eux à l’intérieur de la Voie lactée.

«[Pour arriver à cette notre estimation], nous avons produit une grande variété de résultats, basés sur différentes présuppositions pour nos modèles. Mais le résultat le plus conservateur, avec les présuppositions les plus strictes, a une valeur centrale estimée à 36. Mais ça, c’est vraiment le minimum», explique Tom Westby, co-auteur et assistant professeur à la Faculté de génie de l’Université de Nottingham.

5 milliards d’années

Les scientifiques ont conclu qu’il devrait y avoir au moins quelques douzaines de civilisations dans notre galaxie, partant de l’idée que cela devrait prendre 5 milliards d’années pour qu’une forme de vie intelligente fasse son apparition, comme ce fut le cas de la Terre (environ 4,5 milliards d’années).

«Dans une des situations, nous présumons que la vie commence lorsque la planète a environ 5 milliards d’années. L’autre situation, c’est que la vie pourrait survenir à n’importe-quel moment entre 5 milliards d’années et l’âge de l’étoile», ajoute Christopher J. Conselice, professeur d’astrophysique à la même université et chercheur principal de l’étude.

L’étude souligne que le nombre de civilisations extraterrestres de la Voie lactée dépend vraiment du laps de temps pendant lequel celles-ci ont été en mesure d’émettre des signaux dans l’espace, comme des transmissions radio ou télévisuelles faites à partir de satellites. Si ces civilisations durent aussi longtemps que la nôtre, il devraient alors il y avoir 36 planètes avec des formes de vie extraterrestres qui génèrent des communications à travers des fréquences radio, en ce moment-même dans la Voie lactée.

Mais s’il y a effectivement des civilisations qui communiquent dans l’espace, pourquoi n’avons-nous pas été en mesure de les contacter?

«Probablement parce qu’elles sont très loin et n’ont pas encore les connaissances technologiques pour venir nous voir ici. Également, la durée de vie de ces civilisations est peut-être trop courte pour qu’elles puissent développer une technologie capable de se rendre à nous», affirme le professeur Conselice.

Selon les deux auteurs, la possibilité de communiquer avec ces extraterrestres, ou même de corroborer leur existence, n’est pas encore dans les cartons. Une telle situation pourrait même ne jamais survenir.

«Actuellement, nos résultats nous causent des sentiments mixtes. Alors qu’il est possible et même probable que plusieurs civilisations coexistent dans la Voie lactée, il est aussi probable que de telles civilisations naissent et meurent bien avant qu’elles puissent prendre connaissance des autres. C’est une pensée un peu déprimante. Peut-être que c’est un peu comme être en confinement au sein de la Voie lactée», conclut Westby.

Un autre point de vue

Bien que l’étude de l’Université de Nottingham a généré une grande excitation au sein de la communauté scientifique, tous les experts ne sont pas nécessairement d’accord.

David Kipping, assistant professeur à l’Université Columbia, à New York, considère que les présuppositions «sont la grande faiblesse de ce genre d’étude».

«Personnellement, je suis en désaccord avec la prémisse de base de ce texte, qu’on peut invoquer le principe de la médiocrité* pour inférer le nombre de civilisations ailleurs dans la galaxie. C’est presque l’opposé exact de la philosophie derrière ma propre recherche, qui présume que nous ne connaissons absolument rien et que nous pourrions être le résultat de biais de sélection très fort. Les biais de sélection, ou le «biais du gagnant», c’est quelque chose qu’ils ignorent complètement», dit-il à Métro.

*Le principe de médiocrité suggère que, puisqu’il y a vie sur Terre, il y aurait typiquement des formes de vie sur des planètes semblables à la Terre ailleurs dans l’Univers.


Trois questions pour Tom Westby

Tom Westby est assistant professeur à la Faculté de génie de l’Université de Nottingham, au Royaume-Uni.

Q: Est-il possible d’estimer où se trouveraient cette trentaine de civilisations extraterrestres de la Voie lactée?

– Une des étapes importantes de notre méthode est d’analyser les régions de la galaxie où la population d’étoiles est à son plus dense, c’est-à-dire près du centre du disque galactique. Et on analyse aussi les régions qui ont la plus grande diversité d’étoiles ayant des compositions chimiques différentes. Notre étoile est à environ 26 000 années-lumière du centre galactique, et il apparaît que les étoiles situées entre 20 000 et 30 000 années-lumières du centre ont la plus grande chance de présenter la recette chimique qui produit la vie. En ce sens, notre présence ici ne devrait pas trop nous surprendre.

Q: Quelles sont les conditions pour qu’une forme de vie intelligente apparaisse sur une planète quelconque?

– Les principaux ingrédients de notre analyse sont le temps, l’emplacement et la composition chimique. On s’intéresse aux environnements des planètes qui existent à l’intérieur de la zone «zone habitable» de leur étoile, là où la température est optimale pour qu’il y ait de l’eau sous forme liquide, depuis environ le même laps de temps que la Terre, soit 5 milliards d’années. Ça prend aussi des environnements qui sont enrichis d’éléments lourds venant des générations précédentes d’étoiles. L’hydrogène et l’hélium forment 98% de la matière de l’Univers, mais la vie telle que nous la connaissons requiert des éléments lourds comme le carbone, l’azote et l’oxygène, qui sont créés par la fusion nucléaire au sein des étoiles. Les étoiles semblables à notre Soleil créent aussi des éléments encore plus lourds, comme le cuivre et le fer. On peine à imaginer comment une civilisation intelligente pourrait arriver à un niveau suffisant d’avancement technologique sans avoir accès à ces ressources très utiles.

Q: Votre étude se concentre sur les «civilisations intelligentes communicantes». Qu’est-ce que ça signifie?

– Le seul outil que nous connaissons pour la communication à longue distance est, bien entendu, la radiation électromagnétique. On produit des signaux radio qui se rendent dans l’espace à la vitesse de la lumière depuis environ un siècle. Alors on peut imaginer notre système solaire comme étant entouré d’une «bulle radio» ayant un rayon de 100 années-lumière. Toute autre civilisation qui se trouve à l’intérieur de notre «bulle radio» pourrait potentiellement détecter nos communications, et vice-versa. Toutefois, jusqu’à présent nous n’avons jamais réussi à détecter de tels signaux, alors que le projet de «Recherche pour l’intelligence extra-terrestre» existe depuis quelques décennies.

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