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La pandémie de COVID-19 changera-t-elle notre façon de manger?

Des clients masqués dans une épicerie, alors que la COVID-19 change notre façon de manger.
La pandémie a accentué la pression sur les chaînes d’approvisionnement des détaillants en alimentation. Photo: Getty via Metro World News
Miguel Velázquez - Metro World News

La pandémie globale de COVID-19 a affecté de nombreux aspects de notre vie quotidienne, et notre façon de manger ne fait pas exception. Métro s’est penché sur la question.

En raison de l’urgence sanitaire, 2020 restera dans les mémoires comme une année de grands changements. Y compris dans notre alimentation.

Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la pandémie de COVID-19 a exercé des pressions sans précédent sur les chaînes d’approvisionnement alimentaire, avec des goulets d’étranglement dans le travail agricole, la transformation, le transport et la logistique, ainsi que des changements considérables dans la demande. Et la plupart de ces perturbations sont le résultat des politiques adoptées pour contenir la propagation du virus.

«Alors que les effets de la COVID-19 se font encore sentir, l’expérience acquise jusqu’à présent montre l’importance d’un environnement commercial international ouvert et prévisible pour garantir que les denrées alimentaires puissent être acheminées là où elles sont nécessaires», a ajouté l’OCDE.

Pire dans les pays pauvres

Les pays les plus pauvres sont les plus touchés sur le plan de la distribution de nourriture.

«La pandémie pose un cruel dilemme pour beaucoup de pays en développement,» a expliqué à Métro Peter Taylor-Gooby, professeur de politique sociale à l’université du Kent, au Royaume-Uni.

«Ils doivent fermer leurs frontières pour sauver des vies, mais en faisant cela, ils condamneront à la famine de nombreux citoyens qui vivent en dessous du seuil de subsistance.»

Pour résoudre ce problème, de nombreuses personnes autour du globe ont commencé à créer leur propre nourriture: de la cuisson du pain à la plantation et à la récolte de légumes.

«Certaines personnes vont cultiver un peu. Mais pour cela, il faut des terres et du temps et, de plus en plus, cela n’est pas accessible pour les citadins», souligne M. Taylor-Goodby.

«Ce n’est là qu’une partie de l’impact de la pandémie, qui accélère le déplacement des travailleurs par la technologie. La société doit procéder à de très grands ajustements en matière d’éducation, de formation et d’aide au revenu pour les personnes mises au chômage.»

Quatre questions pour Terry Marsden

Terry Marsden est professeur de politique et de planification environnementale à l’université de Cardiff, au pays de Galles.

Q: Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la chaîne d’approvisionnement alimentaire?

– La pandémie a accentué la pression sur les chaînes d’approvisionnement des détaillants pour qu’ils fournissent des aliments prêts à consommer.. Leurs ventes ont grimpé en flèche avec la fermeture du secteur de la restauration (traiteurs, restaurants). La production et l’offre de denrées alimentaires ont été considérablement détournées. Les prix ont eu tendance à augmenter, et les consommateurs à faibles revenus ont fait face à des problèmes d’insécurité alimentaire. La production de fruits et légumes a posé un problème particulier; mais des chaînes d’approvisionnement plus locales se sont développés, ainsi qu’un approvisionnement alternatif par le biais de systèmes de boîtes, de ventes directes et de livraisons à domicile.

Q: Quelles sont les faiblesses et les forces de la chaîne alimentaire que l’urgence sanitaire a révélées?

– Il est clair que l’approvisionnement par le secteur des services a été interrompu et qu’il lutte maintenant pour retrouver sa position en fournissant au moins un tiers des repas avant le confinement. Les petites entreprises indépendantes – épiceries, poissonneries, etc. – ont souffert du fait que davantage de consommateurs ont été contraints de se rendre dans les grands magasins de détail pour acheter leurs marchandises.

Q: Le nombre de personnes qui essaient de cultiver leur propre nourriture a-t-il augmenté?

– Oui. La culture domestique a augmenté et devrait continuer à le faire. Il y a donc eu une certaine reprise de ce que je considère comme un renouveau du jardinage et de la cuisine à domicile. Mais ce n’est pas une alternative réaliste pour la plupart des résidents urbains. La crise a amplifié et exacerbé les inégalités d’accès à la nourriture et a démontré l’inégalité d’accès à l’approvisionnement alimentaire.

Q: Quelles mesures les entreprises doivent-elles prendre pour garantir la sécurité de leurs produits?

– Les normes alimentaires ont été respectées par les grands supermarchés – les principaux fournisseurs durant la pandémie. Ils ont l’envergure nécessaire pour gérer leurs chaînes d’approvisionnement avec des normes. Nous avons plus de problèmes dans le secteur indépendant plus petit, la restauration en plein air et le commerce à emporter, et surtout les abattoirs et les usines alimentaires industrielles. Les conditions dans ces deux secteurs sont souvent médiocres en raison de l’environnement de travail dense et surpeuplé, ce qui pose des risques accrus en matière de qualité des aliments. La COVID a servi à amplifier ces problèmes comme une loupe, exposant les dangers de la production alimentaire intensive et les risques alimentaires qui y sont reliés.

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