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Parce qu’il faut penser avant d’ouvrir la bouche

Végétalienne, militante et très curieuse, Élise Desaulniers a commencé à s’intéresser au sort des animaux après la lecture d’un livre sur l’éthique animale. À partir de ce moment-là, el­­le a voulu savoir ce qu’elle mangeait et quel était l’im­pact de ses choix sur les animaux, principalement, mais aussi sur l’environnement et la santé.

Quelques années plus tard, elle publie Je mange avec ma tête, un livre qui explique les conséquences de nos choix alimentaires à partir de chiffres et de données québécoises et canadiennes. L’ouvrage est dans la lignée de livres comme The Ethics of What We Eat et Eating  Animals. Malgré sa prise de position claire, elle ne souhaite pas convertir les gens au vé­gétarisme, mais espère faire prendre conscience au plus de gens possible que manger, ce n’est pas banal.

Votre livre est le premier du genre à paraître au Québec avec des données d’ici. Pourquoi personne ne s’était-il penché sur la question de l’éthique alimentaire avant?
Ce n’est pas évident parce que tout est caché, rien n’est clair. Personne ne l’a fait parce que c’est hyper compliqué d’avoir des chiffres. J’avais l’impression de faire des fouilles archéo­­­­logiques dans des données d’il y a 2000 ans. Les données n’existent pas. Il est impossible de savoir quel est le pourcen­tage de viande produite industriel­lement au Québec ou combien de poissons sont pêchés au Canada chaque année.

À la lumière de ce que vous avez découvert, des chiffres que vous avez obtenus et des élevages que vous avez visités, est-ce que la situation québécoise est pire ou meilleure que ce que vous envisagiez?
Le point qu’on m’amène souvent comme argument, parce que les données qu’on a sont américaines, c’est «qu’ici, ce n’est pas pareil». Mais c’est pas mal la même chose. Ce qui est différent, et c’est une bonne nouvelle, c’est notre système de mise en marché. Pour le poulet, le lait et les œufs, on produit pour nous. Il est donc possible de changer les choses sans que la concurrence étrangère intervienne. Il n’y a pas de raison de faire aussi mal que les Américains. Nos fermes sont un peu plus petites, mais dans les faits, c’est la même chose.

Est-ce que le but visé par votre livre est de pousser les gens à cesser de manger de la viande?
Ce n’est pas le but recherché. Je n’ai pas voulu imposer mon opinion, et ce n’est pas un guide pratique pour devenir vegan. Ce que je voulais, c’est procurer des outils aux gens pour réfléchir et aller plus loin par eux-mêmes. Je voulais que ce livre soit une base pour faire son propre questionnement. Est-ce que ce sera, pour certains, l’élément qui modifiera leur façon de penser? Peut-être. Mais ce n’est pas un livre de propagande. Mon cheminement vers le végétalisme, je l’ai fait à partir de données et de faits, et c’était important pour moi de mettre tout ça dans le livre pour que les gens puissent arriver, ou pas, aux mêmes conclusions que moi.

Quelle est la plus chose la plus méconnue dans le domaine de l’éthique alimentaire et animale?
Toutes les questions liées à nos obligations morales envers l’environnement et les travailleurs, ça va, c’est compris. Mais lorsqu’il est question d’obligations morales envers les animaux, du devoir de les considérer comme des êtres sensibles, ça ne passe pas du tout. On me prend pour une extrémiste. Pourtant, je ne suis pas une hurluberlue; je suis quelqu’un qui a réfléchi.   

Vous considérez-vous aujourd’hui comme une «mangeuse» parfaite?
Non, mais je pense que je laisse moins de traces que mes voisins.

***
Je mange avec ma tête: les conséquences de nos choix alimentaires
Stanké
29,95 $
En librairie le 12 octobre

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