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Les microbrasseries ne font pas peur aux grands brasseurs

Photo: Yann Canno/TC Media
Frédéric Lacroix-Couture - TC Media

La popularité grandissante des microbrasseries ne semble guère inquiéter les grands brasseurs québécois. Au contraire, selon l’Association des brasseurs du Québec (ABQ), qui représente Molson Coors, Labatt et Sleeman, les petits nouveaux complètent l’offre brassicole.

«Pour nous, ce n’est pas les grands contre les petits. Ce sont vraiment deux industries qui évoluent dans le même marché, mais qui sont extrêmement complémentaires», commente le directeur général de l’ABQ, Patrice Léger-Bourgoin.

Selon lui, les microbrasseries répondent à un besoin de diversité et de produits spécialisés qu’expriment les consommateurs, qui ne se contentent pas de boire une seule sorte d’alcool. Ils veulent déguster à la fois de la bière, du vin et des spiritueux. Et cette diversitése décline aussi en sous-catégories pour chaque type d’alcool. «Essentiellement, les microbrasseurs comblent des niches que les grands brasseurs ne comblent pas», expose M. Léger-Bourgoin, qui donne en exemple les microbrasseries de type broues-pub, où les bières sont brassées et servies sur place.

La bataille se dessine plutôt entre les divers produits alcooliques qu’entre les brasseurs eux-mêmes, estime M. Léger-Bourgoin. Au Québec, la vente de bière est en perte de vitesse au profit du vin.

Les trois géants ont dû élargir leur gamme de produits pour s’adapter aux nouvelles réalités du marché. Molson Coors a lancé, par exemple, une bière aromatisée au thé et a développé une division de microbrasseries, Six Pintes, qui offre des bières artisanales de Granville Island Brewing Company et de Creemore  Springs Brewery. Labatt a acquis cet automne la microbrasserie de Toronto Mill Street Brewery et s’est mise à distribuer, l’hiver dernier, deux bières d’inspiration belge d’un petit brasseur de Chicago, Goose Island.

Acheter local
Si la bataille n’est pas facile sur les tablettes face aux grands brasseurs qui ont de gros moyens, les microbrasseries peuvent marquer des points auprès des consommateurs en mettant de l’avant leur provenance québécoise, indique Francine Rodier, professeure au Département de marketing de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. «Quand le microbrasseur réussit à s’identifier clairement, à mettre de l’avant sa connotation locale, je pense que c’est un avantage clair et net pour l’achat québécois.»

«Les gens s’associent à leurs brasseries locales, à leurs brasseries régionales, comme on l’a fait avec le fromage en 2004-2005», constate pour sa part l’expert en bière Philippe Wouters.

Selon lui, le marché n’est pas encore saturé pour les microbrasseries. Toutefois, les tablettes ne sont pas extensibles. «Il y a de moins en moins de place sur les tablettes des détaillants, mais de plus en plus de détaillants veulent vendre des bières de microbrasseries. Donc, au bout du compte, ça compense.»

Peu présentes à la SAQ
Les bières de microbrasseries se font timides sur les étagères de la SAQ. Les microbrasseurs reprochent à la société d’État de leur laisser peu de place. Mais la faute revient plutôt à l’industrie, rétorque la SAQ. «Ils ont de la place s’ils en veulent», affirme la porte-parole de la SAQ, Linda Bouchard.
Les microbrasseries doivent choisir, selon la réglementation, entre le réseau de distribution de la SAQ et celui des dépanneurs et des épiceries. C’est l’un ou l’autre, explique Mme Bouchard. «J’ai l’impression que la plupart choisissent le réseau des épiceries-dépanneurs.»
Actuellement, la SAQ offre une dizaine de variétés de bières québécoises.

La fabrication de la bière en cinq grandes étapes

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  1. Le maltage: on travaille l’orge pour qu’elle produise certains enzymes et sucres afin de transformer l’amidon (un glucide situé à l’intérieur du grain) en sucres fermentables. On utilise de l’eau et de la chaleur.
  2. Le brassage (ou saccharification): une fois malté, le grain est concassé et sera mélangé avec de l’eau pour obtenir les sucres. On se débarrasse ensuite du grain qui est sans sucre à l’intérieur.
  3. L’ébullition: le mélange est amené à ébullition et par le fait même on y ajoute des aromates, du houblon ou des épices pour créer certaines saveurs.
  4. La fermentation: la bière est refroidie et lorsqu’elle est arrivée à la bonne température, les levures sont ajoutées pour transformer les sucres en alcool et en gaz.
  5. Le conditionnement: la recette terminée, la bière est entreposée et réfrigérée avant d’être mise en canettes, en bouteilles ou en fûts.

Avec la collaboration de Guy Lévesque, coauteur du livre Les Microbrasseries du Québec

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