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Un livrel sur le pupitre

Marjorie Wirzbicki - Métro

Le principe de l’expérience est simple: on demande à deux classes de 10e année, en Ontario, d’étudier le même roman, les uns en version papier, les autres en version électronique.

On met également à la disposition de cette deuxième classe, la classe-pilote, le livre en format papier, afin que les élèves puissent choisir le format qu’ils préfèrent. Le but? Déterminer si le livrel peut donner le goût de lire à ces élèves, et plus particulièrement aux garçons.

Lors du deuxième Sommet pour la lecture, tenu à la Grande Bibliothèque en janvier dernier, Marie-Josée Berger, doyenne et professeure titulaire à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, a présenté les ré­sultats de cette expérience.

Dans la classe-pilote, les professeurs n’ont pas remarqué de changement dans les attitudes et habitudes de lecture de leurs élèves. Si, au début, l’attrait de la nouveauté avait suscité un engouement pour le livrel, à la fin de l’expérience, plusieurs avaient choisi de le mettre de côté pour reprendre un bon vieux livre papier.

«La technologie est vue comme un loisir, cons­tate Marie-Josée Berger par téléphone. Ces enfants de 10e année n’avaient pas l’habitude de travailler sur ce support, alors quand l’ensei­gnant a commencé à poser des questions de compréhension, le réflexe du livre papier est revenu.»

D’autres expériences de ce type, dans lesquelles on modifierait quel­ques facteurs, permettraient d’infirmer ou de confirmer ces résultats. Par exemple, on pourrait laisser les élèves découvrir le livrel par eux-mêmes. Une explication approfondie donnée par le professeur pourrait aussi générer une plus forte motivation au sein de la classe.

«Il faudrait aller au-delà des attitudes et voir comment on transforme une technologie de loisir en une technologie d’apprentissage, pas seulement en littératie, mais aussi en sciences ou en mathématiques, estime  Mme Berger. Aux États-Unis et en Australie, des études ont montré que le livrel utilisé comme outil d’apprentissage au niveau élémentaire était un succès.»

La différence, donc, par rapport aux petits francophones testés en On­tario, c’est que l’outil avait, dans ces pays, été intégré dès le plus jeune âge comme un support d’enseignement.

Mais ne risque-t-on pas de former une génération de lecteurs numériques qui ne voudront plus entendre parler du papier? Marie-Josée Berger estime plutôt que le livrel peut générer plusieurs types d’élèves, plus ou moins tournés vers la littératie numérique, en fonction, notamment, des ressources «papier» dont ils disposent à la maison pour compléter leur découverte de la lecture.

Ainsi, la technologie, déjà entrée dans le quotidien des élèves, pourrait être la porte par laquelle faire entrer le plaisir de la lecture dans leur vie d’adolescent. Et bien sûr, par la suite, dans leur vie d’adulte.


De l’intérêt de la lecture

Hormis le plaisir du contact des livres et de la littérature, la lecture person­nelle est un atout important à glisser dans la poche des élèves. Une plus grande facilité de lecture et de compréhension favori­se leurs rende­ments scolaires et les incite à aborder les lec­tures imposées à l’école avec moins de réticence.

Problème à l’adoles­cence, généralement lors de la transition entre le primaire et le secondaire, et en particulier chez les garçons : le temps consacré à la lecture diminue. Ce désintérêt est consi­déré comme l’un des fac­teurs du décrochage scolaire.

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