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La folie de la passion

Une petite jasette entre collègues fait parfois beaucoup de bien.
Une petite jasette entre collègues fait parfois beaucoup de bien. Photo: Getty Images/iStockphoto

«Trouvez une carrière qui vous passionne.» C’est le conseil le plus souvent donné par les conseillers. Et si c’était un mauvais conseil?

Pendant des années, j’ai cru qu’il fallait aimer son boulot pour connaître du succès. Mon raisonnement était le suivant: peu importe le métier ou la profession que vous choisissez, vous serez toujours en compétition avec ceux et celles pour qui il s’agit d’un emploi de rêve. Cela leur donne une grande énergie et les encourage à développer leurs compétences au maximum. Donc, pour rester compétitif, il vous faut aussi être passionné par votre travail, ou vous vous ferez bouffer tout cru.

C’est logique, non? Pourtant, c’est de la belle foutaise. Il y a au moins quatre bonnes raisons pour lesquelles vous ne devriez pas choisir un emploi parce que vous pensez que vous allez l’adorer.

La première de ces raisons est qu’un nombre significatif de travailleurs poursuivent une longue carrière dans un travail qui ne correspond pas à leurs préférences. Une recherche récente, portant sur un échantillon de 67 000 personnes et 211 emplois différents, a montré qu’il est fréquent de trouver pour un même emploi des personnes ayant des préférences de travail tout à fait différentes (préférences sociales contre artistiques, par exemple), mais qui rapportent un haut niveau de contentement au travail.

La deuxième raison est que les recherches les plus récentes sur la satisfaction au travail indiquent que le fait de trouver son travail intéressant ou passionnant n’est pas très important. Ce sont ceux qui se sentent capables de bien réaliser leurs tâches quotidiennes et qui jouissent d’une grande autonomie qui sont les plus satisfaits au boulot.

La troisième raison est que le succès et les récompenses qui l’accompagnent sont le résultat de nos compétences, pas de nos préférences, de nos intérêts, voire de nos passions. Ce sont nos compétences qui font que les autres nous montrent de l’attention, qui les encouragent à nous donner plus de responsabilités et d’autonomie et à récompenser nos efforts. C’est par le travail compétent que nous pouvons améliorer les processus, régler des problèmes, favoriser la croissance de notre entreprise ou de notre profession et créer de la valeur. Voilà ce qui permet à une carrière de progresser et de connaître du succès.

La quatrième raison est certainement la plus importante; c’est qu’on ne peut pas «découvrir» ses intérêts ou ses passions. On ne peut que les développer. Celui qui essaie de découvrir ses intérêts en explorant son for intérieur ressemble à un gamin qui essaie d’attraper des mouches en plein vol. Lorsqu’il croit en avoir saisi une, il ouvre la main pour découvrir qu’il n’y a «rien là»; il recommence alors sa chasse futile.

Mieux vaut trouver un travail pour lequel on possède des aptitudes naturelles et apprendre ensuite à s’y intéresser, à y consacrer les efforts nécessaires pour en découvrir les avantages et la satisfaction qu’il peut nous apporter.

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