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Quels débouchés pour les titulaires d’un doctorat?

Graduation day. Commencement day. Education Concept. Photo: Getty Images/iStockphoto
Anne-Claire Dalmont - 37e avenue

Le niveau de scolarité des Canadiens est de plus en plus élevé. Selon une étude de Statistique Canada, ils sont nombreux à poursuivre des études de cycle supérieur afin d’obtenir un doctorat. Mais quels sont les débouchés?

Les employeurs sont-ils prêts à les embaucher? «Aujourd’hui, on ne forme plus des profs qui formeront des profs, ce cycle est rompu», explique Jean-Claude Coallier, professeur à la Faculté d’Éducation de l’Université de Sherbrooke, qui mène des travaux de recherche sur l’insertion des diplômés. En effet, selon une étude du Conference Board du Canada datant de 2015, moins d’un titulaire de doctorat sur cinq devient professeur dans une université. «Les temps changent, constate M. Coallier. Maintenant, les gens aspirent à autre chose… même s’ils ne savent pas nécessairement à quoi!»

Alors, que font les doctorants une fois diplômés? «Nous n’avons pas encore un portrait très clair de qui est où et de qui fait quoi aujourd’hui, confie le professeur. Le domaine pharmaceutique, les organismes subventionnaires et parfois gouvernementaux sont de gros employeurs. Sinon, beaucoup se retrouvent dans toutes sortes de fonctions qui n’ont aucun rapport avec ce sur quoi ils ont étudié.»

Jean-Claude Coallier donne l’exemple d’un étudiant devenu journaliste scientifique à Radio-Canada. «D’autres lancent leur propre entreprise», poursuit-il. Ainsi, selon une étude menée par le chercheur anglais Rob Wallach en 2017, une personne diplômée sur cinq travaillera dans des postes de soutien ou d’administration à l’université, tandis que trois sur cinq décrocheront un emploi à l’extérieur du milieu scolaire. «Elles ne le font pas nécessairement par dépit. Devenir professeur d’université, ça n’a plus le même prestige qu’avant», souligne Jean-Claude Coallier.

Poursuivre un doctorat permet avant tout d’acquérir une méthodologie, une pensée critique et une capacité d’analyse. «À la sortie, les gens ont la capacité de répondre à une problématique poussée et de faire le tour d’une question rapidement, car ils savent où sont les outils pour s’informer, se documenter et structurer l’information, explique Jean-Claude Coallier. Ce sont des filières qui ont de l’avenir et, comme société, on a besoin de ça…»

Malgré tout, les employeurs sont encore réticents à embaucher des doctorants. «Ils ont une perception assez stéréotypée des doctorants, particulièrement au Québec. Pour eux, ces étudiants travaillent sur des domaines trop pointus, prennent trop de temps pour répondre à une question, n’ont pas le sens des affaires, etc. Ils ne voient pas la valeur ajoutée et appréhendent un salaire plus élevé», note Jean-Claude Coallier.

Selon ce dernier, les entreprises qui innovent vont moins hésiter que les autres à embaucher des doctorants, mais elles sont peu nombreuses au Québec. «Il y a tout un travail de sensibilisation à faire de ce côté-là», confie-t-il.

Et ce travail doit aussi être fait du côté des étudiants qui n’ont pas une bonne connaissance du monde du travail et n’y sont pas toujours bien préparés. «Certains font des stages en entreprise, mais ils sont peu nombreux. Ils ne connaissent pas les compétences exigées, ne savent pas comment se présenter. Ils se vendent mal, car ils se connaissent mal», regrette le professeur.

Pour pallier ce manque, ne pas attendre la fin du parcours pour contacter des employeurs, commencer à réseauter le plus tôt possible et faire des stages en entreprise sont une partie de la solution, selon Jean-Claude Coallier.

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