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Faut-il former au travail autonome?

Photo: Métro

Le travail autonome va augmenter, mais nos établissements ne fournissent pas à leurs diplômés les compétences nécessaires pour y réussir.

Le travail autonome est un phénomène qui prend de l’ampleur. Selon les résultats de la dernière Enquête sur la population active, le marché du travail canadien comptait en août dernier plus de 87 000 nouveaux travailleurs autonomes, lesquels ont remplacé en partie les 112 000 emplois perdus dans le secteur privé.

Cette augmentation soudaine du nombre de travailleurs autonomes est si importante que plusieurs analystes se demandent si elle est réelle ou s’il s’agit d’une erreur de calcul. Elle est pourtant crédible. Au cours des années passées, le nombre de travailleurs autonomes a souvent augmenté durant les mois où se produites des pertes d’emplois. Leur proportion au sein de la main- d’œuvre a déjà atteint 17%, pour diminuer à 13%, selon les dernières estimations.

Avec les changements du marché du travail, certains experts s’attendent à une augmentation importante du travail autonome au cours des prochaines années. Une étude réalisée par le Career Advisory Board de l’Université DeVry conclut que, d’ici 2020, environ la moitié des travailleurs seront des autonomes, à temps plein ou partiel. Aux États-Unis, c’est le cas d’environ 34% d’entre eux aujourd’hui.

Plusieurs n’ont cependant pas les compétences nécessaires pour réussir en tant que travailleurs autonomes. Travailler de façon indépendante exige, en effet, plus que d’accomplir la fonction pour laquelle on a été formé, ce qui est souvent le plus facile. Un travailleur autonome doit également être constamment à l’affût de nouveaux mandats, ce qui signifie que la recherche d’emploi devient pour lui un processus permanent. Il doit aussi assumer une variété de tâches administratives, dont la facturation et la gestion des taxes perçues. Sa tâche est donc triple, car il doit trouver, accomplir et finalement gérer son travail.

La bonne gestion de son temps est probablement la compétence la plus importante qu’il lui faut acquérir. D’expérience, je peux vous dire que la triple tâche des travailleurs autonomes rend souvent la gestion du temps très compliquée. Malheureusement, ce n’est pas une compétence qu’on apprend à l’école, sauf si on est inscrit à un programme de gestion. Pour le reste, nos formations semblent conçues pour une fonction stable dans des organisations. En d’autres termes, elles semblent destinées à des salariés.

Parmi les autres compétences que les futurs travailleurs autonomes ne peuvent acquérir à l’école, mentionnons l’art du réseautage et de la négociation, de même que la tenue de livres, les bases de la communication d’entreprise et de l’offre de services. Sans ces compétences, l’échec du nouveau travailleur autonome est probable. Il lui faut pourtant les apprendre sur le tas, en plus d’assumer sa «triple» tâche.

Si le nombre de travailleurs autonomes augmente, les établissements devront avoir une conception différente des habiletés que leurs diplômés doivent posséder pour réussir leur carrière.

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