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De Gabonais à Pointelier: itinéraire d’un déterminé

Photo: Yves Provencher/Métro

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), des portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration qui témoignent de leurs parcours et de leurs succès.

Dieudonné Ella-Oyono n’oubliera jamais où il se trouvait le 11 septembre 2001. Après trois heures de vol, l’avion qui devait le conduire sur sa terre d’adoption fait demi-tour. Un mois plus tard, il atterrit finalement à Montréal. Ce qui aurait pu avoir des airs de faux départ s’avèrera l’amorce d’un parcours inspirant.

«Pourquoi ne pas rester un peu plus ?» Voilà ce qu’il se dit après quelques mois dans la métropole québécoise, alors doctorant en sciences économiques à l’UQAM. «J’aimais mon expérience, j’ai eu envie de la prolonger.» Aujourd’hui, 13 ans plus tard, quand on lui demande à quel endroit il se sent chez lui, il répond Pointe-Aux-Trembles. Avant de nuancer, avec affection: «ça dépend un peu de qui pose la question ! À ma mère, je ne peux nommer un autre lieu que mon village d’origine!»

C’est néanmoins en «Nord-Américain» que le Gabonais s’identifie dorénavant. Quand une université de son pays l’invite pour donner un cours, il reconnaît dans le regard de ses étudiants ce qui fût autrefois sa propre incrédulité. Il y a 20 ans, assis sur les mêmes bancs d’école, jamais il n’imaginait qu’il pourrait se trouver dans la position qu’il occupe à présent.

Dieudonné a 27 ans quand il pose ses valises à Montréal. Deux étudiants de son université au Gabon ont fait le saut un an auparavant. Il est francophone, bénéficie de bourses d’études, a deux diplômes supérieurs en économie et la possibilité de poursuivre un doctorat à l’UQAM (après une propédeutique de trois sessions). Autant de facteurs qui le poussent à bord de ce fameux vol, un certain 11 septembre. Séduit par la ville, il dépose une demande de résidence permanente, statut qui lui ouvre les portes de la fonction publique.

En 2006, il décroche un poste temporaire au ministère de l’Agriculture de la province. «Ils prenaient un risque: je n’avais quasiment aucune expérience de travail!» Au Gabon, explique Dieudonné, on ne travaille pas tant que l’on n’a pas terminé ses études. Hormis un contrat à temps partiel au centre d’appel de la fondation de l’UQAM, son CV est vierge. Une fois recruté, il fait rapidement ses preuves, à tel point qu’au terme des dix mois prévus initialement à son contrat, le ministère décide de pérenniser son poste d’analyste de marchés.

«Quand on arrive, les gens savent qu’on est nouveau et font tout pour nous aider. C’est souvent nous, parce qu’on vient de se séparer de nos racines, qui avons tendance à nous replier sur nous-mêmes. Les premiers mois, la plus grande dépense est le téléphone ! Nostalgiques, on veut créer l’illusion qu’on n’est pas à l’étranger.»

En 2008, c’est le ministère de l’Économie qui requiert ses services de conseiller économique. Là aussi, Dieudonné se démarque rapidement. En mars 2010, il est nommé adjoint au directeur régional du ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations. Non sans faire grincer quelques dents: lui, le dernier arrivé dans l’équipe! Il relève le défi et acquiert progressivement la confiance de ses collègues.

À Montréal, c’est ici qu’il se projette. Son avenir, il le voudrait politiquement engagé. «Que peut-on faire pour améliorer le bien-être collectif ?»: voilà la question qui sous-tend ses engagements bénévoles autant que ses aspirations politiques. D’un ancien directeur, il a gardé, bien ancrée en lui, l’idée selon laquelle «le succès, c’est la préparation qui rencontre l’opportunité». Il en a fait sa devise.

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