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Des élèves ingénieurs dans le vent

Photo: Yves Provencher\Métro

Dix-neuf étudiants de l’École de technologie supérieure (ÉTS) feront partie de la première équipe universitaire à participer à la Little Cup, une compétition de voile très relevée. Un projet de deux ans qui a demandé «une bonne dose de folie», selon le directeur de l’école de génie, rencontré lors de la présentation officielle du navire dans le courant de l’été.

En construisant un catamaran de classe internationale, le club sportif Rafale de l’ÉTS permet à l’établissement de devenir la première université à participer à la Little Cup, qui se déroulera du 12 au 20 septembre sur le lac Léman, à Genève, en Suisse. Les élèves ingénieurs ont fait d’énormes sacrifices pour réaliser un projet qui, au-delà des défis technique et sportif, est une aventure humaine formatrice pour leur avenir professionnel.

«Nous avons mené tous les aspects du projet de A à Z, explique Xavier Grossmann, étudiant en maîtrise et cocapitaine du club Rafale. Nous avons dessiné, conçu et fabriqué le bateau. En plus de gérer les communications, la recherche de partenaires et même l’embauche d’un équipage.» Très techniques, les catamarans Class-C sont extrêmement difficiles à piloter. Deux skippers canadiens chevronnés, Marc Farmer et Trevor Tej Parekh, seront donc à la barre du Rafale durant la compétition.

«Être ingénieur, c’est résoudre des problèmes, poursuit Xavier Grossmann. Construire un navire dans des délais très serrés a donc été une succession de défis à relever.» Le cocapitaine a dû trouver un partenaire industriel spécialisé dans les matériaux composites pour fabriquer des hydrofoils [partie du bateau qui permet de voler au-dessus de l’eau] le plus légers et robuste possible.

Deux autres groupes d’étudiants se sont occupés de la réalisation de la coque et de la voile rigide en ayant deux objectifs en tête: atteindre la vitesse de 35 nœuds [environ 64,82km/h] et réduire le poids du navire à environ 225kg.

«C’est une expérience unique, confirme Mathieu Janier, un étudiant français effectuant un échange à l’ÉTS. Avoir la chance de mettre en pratique les cours théoriques sur un projet concret a été très formateur», reconnaît-il.

Alors que peu d’étudiants connaissaient la voile avant le début du projet, Tristan Vanderhaeghe, étudiant en génie du béton, a lui embarqué dans le projet parce qu’il avait des compétences et des contacts dans le domaine. «J’ai fait ma part en cherchant des partenaires et des commanditaires», explique celui qui est devenu le responsable des communications du projet Rafale.

«Avoir la chance de mettre en pratique les cours théoriques dans le cadre d’un projet concret a été très formateur.» – Mathieu Janier, étudiant français effectuant un échange à l’ÉTS et membre du club Rafale de l’ÉTS

Comme une entreprise
Le Rafale Class-C de l’ÉTS a coûté près de 130 000$. Le projet a été financé à parts égales par l’ÉTS et des partenaires privés. Chaque étudiant, en plus de s’engager à ne pas compter ses heures, a aussi contribué à hauteur de 600$. «Chacun a consenti de gros efforts et fait de gros sacrifices, nous n’avons pas eu de week-end depuis deux ans», s’amuse le cocapitaine Grossmann.

Aucun de ces trois étudiants ne pense faire carrière dans la conception de bateau de compétition, mais tous affirment cependant avoir beaucoup appris sur l’entrepreneuriat grâce à ce projet. «Il a été géré comme une mini-entreprise, souligne Xavier Grossmann. Il a fallu créer une association, la gérer, négocier et signer des contrats avec des industriels.»

Le projet a également été l’occasion d’apprendre à travailler en groupe. «Il a fallu gérer les équipes, les faire collaborer, répartir les tâches entre les étudiants du bac et ceux de la maîtrise, apprendre à déléguer et à échanger de façon efficace», ajoute Mathieu Janier.

Le groupe de 19 étudiants au complet vivra une ultime expérience en se rendant aux régates en Suisse pour faire face à sept autres équipes. «Le bateau est assez rapide, et s’il ne casse pas, on espère finir dans le milieu du peloton. Ce serait un formidable exploit, car nos concurrents sont des firmes spécialisées dans la construction de bateaux de compétition qui ont mis quatre ans à concevoir leur catamaran», conclut le cocapitaine Xavier Grossmann.

Laboratoire de recherche de la Coupe de l’America
Les catamarans Class-C 2015 sont dotés d’une voile rigide d’une surface de 28 m2 et décollent de la surface de l’eau quand ils accélèrent pour atteindre trois fois la vitesse du vent. Ce sont des modèles réduits de ceux utilisés lors de la Coupe de l’America, la course de voile la plus prestigieuse du monde. De nombreux essais technologiques sont réalisés à cette échelle pour en minimiser les coûts.

Pour plus d’information et suivre la compétition: littlecup.org et sur la page Facebook Projet Class-C-ETS

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