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Entrevue avec deux jeunes designers industriels

Eugénie Manseau et Philippe Carreau Photo: collaboration spéciale

Eugénie Manseau et Philippe Carreau sont deux lauréats pleins d’idées pour améliorer la vie dans les espaces publics.

La Bourse Phyllis-Lambert a été décernée cette année à deux jeunes designers industriels qui s’intéressent autant à l’univers domestique qu’aux objets dans la ville. Fondé en 2010, le Studio Dikini leur permet de travailler sur une multitude de projets. Regards sur certains d’entre eux.

La bourse de 10 000 $ vous permettra d’aller à Séoul. Qu’est-ce qui distingue le mobilier urbain en Asie?
Eugénie Manseau : Les concepteurs asiatiques font face à plusieurs problématiques : la densité de la population, l’espace limité, etc. Nous étions curieux de voir comment ils jonglent avec ces contraintes spécifiques pour aménager des espaces publics intéressants.

De plus, Séoul est une ville où la technologie est très avant-gardiste; ils aiment expérimenter de nouvelles technologies au service des citoyens. Nous avons l’intention de développer une réflexion critique sur ce qui se fait en Asie, en particulier par rapport à la techno, puisque le mobilier a en général une durée de vie plus longue que la technologie elle-même. Ce voyage nous permettra d’évaluer ce qui est vraiment pertinent.

Est-ce que Montréal pourrait s’inspirer de l’exemple asiatique?
Philippe Carreau : Il y a certainement moyen d’intégrer les technologies à Montréal. Il faut quand même se demander comment le faire et en choisir les éléments avec justesse : on ne veut pas intégrer des technologies juste pour en intégrer.

Par exemple, je pense que les transports en commun pourraient bénéficier des technologies, que ce soit en intégrant les horaires dans les abribus ou des informations touristiques dans des lieux stratégiques.

Vous avez vécu à New York (Eugénie Manseau) et en Allemagne (Philippe Carreau). Comment ces expériences enrichissent-elles votre travail?
P. C. : Quand on regarde notre culture de l’extérieur, on devient plus critique. En Allemagne comme aux États-Unis, il y a des façons de faire différentes. La culture du design est plus ancrée, particulièrement en Allemagne. Au Québec, il s’agit d’une pratique assez jeune et pas encore très connue du public. Je pense que je peux parler pour nous deux en disant que nous avons pu faire des projets que nous n’aurions jamais faits ici. Ça permet de se démarquer et d’acquérir de nouvelles connaissances.

E. M. : Aux États-Unis, c’est surtout le sentiment d’urgence qui est marquant. La vitesse avec laquelle les entreprises voulaient amener des nouveautés est impressionnante.

Comment percevez-vous Montréal?
E. M. : Il y a eu récemment beaucoup de projets d’embellissement de la ville, je pense notamment au quartier des spectacles. Il y a aussi un intérêt pour créer des espaces agréables qui permettent de s’approprier la ville. Comme les Parisiens, les Montréalais aiment vivre dehors. C’est un environnement très stimulant et ça nous donne envie de contribuer à notre façon.

P. C. : Quand je suis rentré d’Allemagne, j’ai été au départ très choqué, entre autres, par l’omniprésence de la voiture. Là-bas, les transports en commun sont très développés, les villes sont très agréables, il y a beaucoup d’espaces verts… Cela dit, j’ai toujours trouvé que Montréal est une ville créative hyper agréable à vivre malgré ses défauts de villes nord-américaine. Et puis j’ai l’impression que ça bouge de plus en plus.

Il y a beaucoup de chemin à faire et pas beaucoup de grands projets inspirants… On pourrait se permettre de rêver un peu plus et de sortir un peu du syndrome du Stade olympique!

Coup d’œil sur le design

Le duo de designers présente deux créations de leur jeune firme.

Café Differance
Établi depuis peu dans le quartier des affaires, le Café Differance a fait appel à leurs services pour l’aménagement intérieur. «C’est un petit espace que nous avons voulu maximiser au niveau fonctionnel, précise Philippe Carreau. Nous avons donc travaillé beaucoup le mobilier en laissant l’espace presque intact.»

«Nous avons utilisé du bois, du chêne blanc, continue-t-il. Le design est très minimal, très élégant. Comme le café est situé dans le quartier des affaires, il devait avoir une certaine classe.»

«Nous avons aussi voulu nous éloigner du petit côté hippie du mobilier dans certains cafés», continue Eugénie Manseau.

Collection Dimanche
En collaboration avec une entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu spécialisée en mobilier urbain, Equiparc, les deux designers ont signé une collection «inspirée de détails du mobilier intérieur, explique Mme Manseau. Souvent, le mobilier urbain est très costaud pour mieux résister aux intempéries. Dans le but de créer quelque chose de plus convivial, nous avons pour notre part voulu créer des pièces les plus délicates possible tout en étant résistantes.»

Pour atteindre cet objectif et rappeler le plus possible les meubles qu’on trouve dans nos maisons, «nous avons fait des assemblages très innovateurs pour du mobilier urbain, de façon à ce que la structure soit invisible», poursuit M. Carreau.

La relève à l’honneur
La Bourse Phyllis-Lambert Design Montréal souligne la qualité exceptionnelle des études et des travaux de designers montréalais ayant dix ans ou moins de pratique professionnelle. En favorisant les échange au sein du Réseau des villes créatives de l’UNESCO (Montréal a été nommée ville UNESCO de design en 2005), le prix contribue au perfectionnement de la relève.

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