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Visite guidée d’un loft de designer

Photo: Yves Provencher/Métro

Un quatre et demi exigu, typique des appartements de la Petite-Italie, a été métamorphosé en un studio lumineux et moderne. Visite libre chez le designer Antoine Bonetto.

Le designer Antoine Bonetto ne s’est pas contenté de rénover son appartement de 650 pieds carrés, situé au rez-de-chaussée d’un duplex construit par son grand-père au tournant du XXe siècle; il en a complètement repensé l’espace. Grâce à quelques trucs de pro, il a créé l’illusion d’un logis beaucoup plus grand.

Pour aménager l’espace ouvert dont il rêvait «tout en préservant l’intimité des pièces qui en ont le plus besoin, comme la toilette et la chambre à coucher», précise-t-il, le designer a commencé par déplacer la salle de bain et la garde-robe – un superbe walk-in vitré qui fait face à la porte avant – pour former un îlot central qui divise l’espace sans le fermer complètement.

Ensuite, il a imaginé un ingénieux système de panneau coulissant «qui permet de passer du plus public – l’entrée de l’appartement – au plus privé – la chambre à coucher», selon les besoins, démontre-t-il. Autres astuces qui agrandissent : l’absence de moulures, remplacées par un espace de quelques centimètres pour faire le joint entre les murs et le plafond, et l’uniformité du revêtement de sol, fait à partir de tuiles de marqueterie teintes et huilées, puis posées dans le même sens plutôt qu’en mosaïque.

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S’il a porté une attention particulière à l’éclairage, avec une multitude de luminaires encastrés, Antoine Bonetto n’a pas négligé la lumière naturelle non plus. Les fenêtres de la façade est, qui donne à l’arrière de l’habitation, ont donc été agrandies. «J’ai voulu ouvrir les fenêtres sur la cour arrière, explique-t-il, mais tout en respectant l’architecture environnante. L’été, la cour devient une extension de la maison, et les fenêtres restent toujours ouvertes.»

Passer l’été dehors
Dans certaines zones de la Petite Italie, comme entre les rues Bellechasse et Jean-Talon, où est située la Garconnière Bonetto, les terrains sont très profonds, ce qui offre beaucoup d’intimité aux résidants, se réjouit Antoine Bonetto. «On est à Montréal, et avoir une telle cour, c’est une richesse, ajoute-t-il. Les voisins arrière sont très loin.» Il bénéficie donc d’un garage (avec mur de blocs préservé – il a aussi été construit par le grand-père il y a de nombreuses années) et d’un vieux hangar jouxtant la maison dont il a consolidé la structure, en plus d’un bout de terrasse où se prélasser l’été venu.

Affaire de famille
Tout le mobilier, des armoires murales au bureau de travail, a été conçu sur mesure par son frère ébéniste, Nicola, principalement en sapin Douglas. «Dans la conception appelée idéale par les architectes modernistes, le mur sert de rangement», fait valoir Antoine Bonetto. Le designer a donc exploité le concept jusqu’au bout avec pour résultat un décor épuré où tout désordre est facilement caché des regards.

D’ailleurs, on peut dire que les frères Bonetto sont tombés dedans étant petits. Si leur grand-père a bâti sa maison à son arrivée d’Italie, leur père, lui était architecte. Même que son bureau était situé à l’étage du duplex qu’habite encore aujourd’hui Antoine. «J’ai non seulement restauré l’appartement parce qu’il fallait notamment en corriger la structure, mais aussi pour rendre hommage à la famille», justifie-t-il.

Devoir de mémoire
Bien sûr, les maisons construites à cette époque ne bénéficient pas de sous-sol. Une trappe mène donc toujours au vide sanitaire, qui fait office de rangement pour le vélo et de cave à vins de fortune. Dans les années 1940, on en a fait un tout autre usage, raconte Antoine Bonetto. «Mon grand-père y avait caché un membre de la famille recherché par la police militaire», confie-t-il.

Il faut se souvenir que pendant la Deuxième Guerre mondiale, des ressortissants de pays ennemis, dont un certain nombre d’Italiens et de fascistes canadiens présumés, ont été internés. Un pan d’histoire plutôt sombre qui donne néanmoins lieu à de bonnes histoires.

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