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Cancer du sein: une étude encourageante

Tijana Martin / La Presse Canadienne Photo: Tijana Martin
Sheryl Ubelacker, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

TORONTO — Lorsque Lisa Freedman a appris qu’elle était atteinte du cancer du sein, un test génétique de sa tumeur a suggéré que la chimiothérapie n’aurait aucun effet sur la récurrence de la maladie, ce qui lui a permis d’éviter ce traitement et ses effets secondaires multiples.

«Les résultats du test ont démontré que j’aurais 13 pour cent de chances de récurrence si j’avais de la chimiothérapie et 12 pour cent si je n’en avais pas», a confié cette avocate torontoise de 61 ans.

«Alors c’était une décision facile de ne pas prendre de chimio», a ajouté Mme Freedman, qui n’a plus le cancer depuis deux ans.

Une récente étude publiée aux États-Unis menée sur plus de 10 000 femmes dont les tumeurs avaient été testées a démontré que la plupart des patientes atteintes d’un cancer précoce à récepteurs d’oestrogène positifs et sans ganglion devraient être capables d’éviter la chimiothérapie, en subissant une chirurgie, un traitement de radiation ou en consommant un médicament bloquant les hormones, dont le tamoxifène.

Il s’agit de la plus importante étude sur les traitements du cancer du sein, et ses résultats pourraient permettre à des milliers de Canadiennes, chaque année, d’éviter la chimiothérapie et ses effets indésirables.

L’étude, qui a été financée par l’Institut national du cancer des États-Unis, avec des fonds de l’Institut de recherche de la Société canadienne du cancer, a examiné des femmes atteintes du cancer du sein, avec un risque immédiat de récidive, évalué avec un test génétique.

Ce test, utilisé depuis 2014, permet aux médecins de distinguer les femmes à haut risque de récidive, de celles à faible risque pour déterminer si elles bénéficieront de la chimiothérapie.

Mais qu’arrive-t-il aux femmes qui sont dans la zone grise: devraient-elles subir cette intervention ou non? C’est ce que la recherche a commencé à étudier, en 2006, auprès de 10 253 femmes âgées de 18 à 75 ans. Un groupe a subi la chimiothérapie, en plus de prendre les médicaments bloqueurs d’hormones, alors que l’autre n’a utilisé que le médicament.

Les résultats ont été impressionnants.

Neuf ans plus tard, plus de 90 pour cent des femmes des deux groupes étaient vivantes, et 85 pour cent des patientes dans les deux groupes n’avaient plus de risques de récidive.

Les chercheurs ont conclu que près de 70 pour cent des femmes atteintes de cette forme de cancer pourraient ne pas subir de chimiothérapie, en toute sécurité.

«(Pour) les femmes qui sont entre les deux, pour lesquelles il y avait de l’incertitude, je crois que cette étude est très rassurante, que pour la majorité d’entre elles, nous n’avons pas à donner de chimiothérapie», a souligné la docteure Andrea Eisen, oncologue au Centre des sciences de la santé Sunnybrook à Toronto, où 56 pour cent des patientes ont participé à la période d’essai.

Les résultats représentent une évolution dans le traitement de ce type de cancer, qui est le plus répandu, a ajouté le médecin David Cescon, oncologue et chercheur au Princess Margaret Cancer Centre.

«Il y a eu d’autres études qui ont contribué, d’autres informations en ce sens qui nous ont permis d’éviter la chimiothérapie, particulièrement pour les femmes à bas et moyen risque», a-t-il indiqué.

«Mais cela nous permettra de faire ces recommandations avec plus de confiance, particulièrement pour celles, plus âgées, qui se situent au niveau supérieur de ce niveau moyen.»

Cela fait des décennies que le traitement du cancer du sein commence à changer, selon la docteure Eisen.

«Auparavant, tout le monde subissait une mastectomie, après nous avons compris que de pratiquer la tumorectomie et de la radiation était essentiellement aussi bon», a-t-elle expliqué.

«Et après, tout le monde a commencé à pratiquer l’évidement ganglionnaire axillaire, donc d’enlever beaucoup de ganglions en dessous du bras. Et après, nous avons compris qu’une chirurgie appelée biopsie du ganglion sentinelle pouvait donner, dans la majorité des cas, des informations équivalentes.»

«Alors maintenant, c’est la première fois que nous examinons vraiment le traitement médicamenteux. C’est un signal que les résultats sont bons, que nous diminuons les traitements, plutôt que d’en donner plus», a-t-elle conclu.

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