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Science et marketing: d’étranges compagnons

Young male researcher carrying out scientific research in a lab Photo: Métro

Je suis étonné de voir à quel point la science peut parfois recevoir de mauvaises critiques. Les partisans des médecines douces ou «nouvel âge» clament que la science traditionnelle a des préjugés à leur égard et que les produits naturels sont meilleurs que les composés chimiques aux noms imprononçables. Et, bien sûr, si un scientifique critique un guérisseur spirituel, un astrologue, ou remet en question la validité de la dernière panacée végétale dont «l’industrie médicale ne veut pas que vous entendiez parler», il est, au mieux, rejeté comme quelqu’un de cynique, ou, au pire qui protège sa chasse gardée.

La connaissance? Non, merci. Je préfère l’ignorance.
Mais ne souhaitons-nous pas trouver la vérité et à acquérir des connaissances? Le mot «science» signifie simplement «l’acquisition de connaissances». Existe-t-il quelqu’un qui soit contre? La seule personne qui puisse l’être est celle qui, soit fait allusion à quelque chose de différent de ma compréhension de la science, soit détient un intérêt dans une discipline non scientifique.

Si, pendant une épidémie de polio, nous offrons aux parents le choix entre donner à leurs enfants une cuillerée d’écorce de catalpa moulue ou leur faire injecter une dose du vaccin Salk, tout parent sain d’esprit optera pour le vaccin. Pourquoi? Parce que la connaissance et les essais ont démontré l’efficacité du vaccin. Nous savons qu’on peut prévenir la polio parce que nous avons acquis cette science (connaissance) par l’expérimentation.

Alors, pourquoi toutes ces questions à propos de la science, dans certains milieux?

Les problèmes avec le milieu universitaire
Une partie de la responsabilité revient à la communauté scientifique elle-même. Bien que l’accent soit placé sur l’objectivité et la neutralité dans le domaine de la recherche, les professeurs sont humains. Eux aussi ont leurs idées préconçues et leurs théories préférées. Et surtout, ils sont rétribués pour publier des résultats, et les résultats positifs sont publiés beaucoup plus souvent que les résultats négatifs. Mais, quand les résultats sont reproduits dans des laboratoires indépendants, les connaissances se regroupent et l’on tend de plus en plus vers un consensus.

Je veux croire
Il existe un autre obstacle à la véritable connaissance : la tendance humaine à vouloir tout contrôler. Nous voulons tous empêcher qu’un malheur ne se produise. Si nous avions la garantie qu’en léchant une grenouille deux fois par jour, nous serions à l’abri de toute maladie grave, ne le ferions-nous pas tous? Malheureusement, les gens ont tendance à croire des choses simplement parce qu’ils veulent y croire, et non parce qu’elles sont vraies. Les faits arrivent rarement à ébranler une croyance solidement ancrée. Une personne qui croit qu’un certain régime alimentaire prévient le cancer s’attaquera à la crédibilité d’un scientifique qui affirme l’inefficacité de ce régime.

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Mais le plus grand obstacle à la connaissance est l’avantage financier. Lorsqu’une personne ou une entreprise a la possibilité de s’enrichir en soutenant des allégations extravagantes, les faits deviennent de simples inconvénients que les gourous du marketing peuvent déformer à leur guise. Les tenants des médecines parallèles affirment que les grandes sociétés pharmaceutiques contrôlent la science et se battent contre les petits. Malheureusement, lorsque de l’argent est en jeu, c’est en grande partie vrai. Et c’est à cause de cela que nous sommes loin d’une science impartiale.

Le secteur des médecines parallèles n’est pas à l’abri, lui non plus, de l’attrait financier. Il n’y a qu’à regarder la taille de la section des produits naturels à la pharmacie. Eux aussi ont leurs gourous du marketing. Rappelons-nous que cette industrie est beaucoup moins réglementée que l’industrie pharmaceutique. Il existe peu de limites à ce que le secteur des produits naturels peut prétendre.

Soyez le scientifique
Alors, où en sommes-nous? Eh bien, nous sommes tous dans le même bateau. Nous voulons tous davantage de connaissances. Mais il faut avoir la maturité d’accepter le fait que nous n’avons pas le contrôle que nous voudrions, ni les réponses que nous recherchons. En réalité, il y a beaucoup plus d’inconnu que de connu. Nous devons nous montrer sceptiques face aux prétentions, surtout celles qui sont extravagantes, mais en gardant l’esprit ouvert. Un vrai scientifique observe avec une pensée critique et remet en question tous les résultats. Il recherche d’autres explications et les envisage avec objectivité. C’est ainsi que nous augmentons lentement notre compréhension du monde.

Le marketing et la science ne se mêlent tout simplement pas. Les intérêts commerciaux qui se font passer pour de la science ne font qu’embrouiller la compréhension véritable. Mais ne mélangeons pas ça avec ce que la science est véritablement : la science, en tant que quête de la connaissance, n’est jamais mauvaise.

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