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Un lien possible trouvé entre les antidépresseurs et l’autisme

Pregnant woman taking medicines Photo: Getty Images/iStockphoto

Une nouvelle étude de l’Université de Montréal (UdeM) suggère que la prise d’antidépresseurs dans les 2e et 3e trimestres d’une grossesse pourrait augmenter le risque d’autisme chez l’enfant.

L’étude, menée par la Dre Anick Bérard, directrice de l’unité de recherche Médicaments et grossesse au Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire Ste-Justine, a examiné une cohorte de 145 456 grossesses québécoises.

Selon l’étude, publiée hier dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), les chances d’autisme ont presque doublé chez les mères qui ont utilisé des antidépresseurs durant leur grossesse, passant de 0,72% dans l’ensemble de l’échantillon examiné à 1,3% chez ces premières.

D’autres études, dont une menée en 2013 sur près de 670 000 enfants danois et publiée dans le journal Clinical epidemiology, n’avaient pourtant pas trouvé de liens entre l’autisme et la prise d’antidépresseurs durant la grossesse.

«Les diverses causes de l’autisme demeurent incertaines, mais des travaux ont démontré que la génétique et l’environnement pouvaient tous deux représenter des facteurs de risque. Notre étude a permis d’établir que la prise d’antidépresseurs, particulièrement les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), pendant les 2e et 3e trimestres de la grossesse faisait presque doubler le risque d’autisme chez l’enfant», a fait savoir la chercheure dans un communiqué.

«Étant donné le nombre grandissant de preuves qui démontrent que l’utilisation d’antidépresseurs durant une grossesse augmente les risques d’effets néfastes, notre étude démontre que la dépression devrait être traitée autrement qu’avec les antidépresseurs [durant les 2e et 3e trimestres]», a expliqué par courriel la Dre Bérard, qui a notamment déjà témoigné en tant qu’experte lors de recours contre des compagnies pharmaceutiques.

Le Dr Bryan King, directeur du centre de l’autisme à l’université de Seattle pour enfants et professeur de psychiatrie à l’université de Washington, met en garde qu’il y a un risque que la portée des résultats de l’étude soient «exagérés».

«Le risque absolu reste relativement minime. Il y a par contre des risques qui sont associés aux dépressions qui ne sont pas traitées. Cela peut inclure le suicide, la malnutrition, le manque de sommeil, le stress ou l’abus de substances ou d’alcool», a-t-il affirmé en entrevue téléphonique.

Il ajoute que la dépression elle-même augmente les risques de l’autisme, et que l’étude n’a pas réussi à prouver que les médicaments, et non la dépression, ont causé l’augmentation du taux de diagnostic.

La Dre Gabriella Gobbi, chercheuse en psycopharmacologie à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill et professeure agrégée au Département de psychiatrie de la Faculté de médecine, n’est pas d’accord.

«L’étude est vraiment importante. Les études publiées jusqu’à présent sur les risques de la prise d’antidépresseurs pendant la grossesse n’étaient souvent pas concluantes, juge-t-elle. À mon avis, les antidépresseurs doivent seulement être prises lorsqu’il y a une dépression sérieuse.»

Elle ajoute que l’étude se démarque puisqu’elle a été menée sur une grande population et sur une longue période. Cela est important puisque l’autisme ne se manifeste qu’après 18 mois, alors que les études précédentes ne se sont concentrées que sur les nouveau-nés.

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