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À la défense d’Airbnb

Photo: Maxime Johnson

Ainsi, Tourisme Québec est parti à l’assaut des gîtes illégaux, ces chambres ou appartements loués occasionnellement par leurs locataires à des touristes, généralement via un site Web. En voulant mettre un frein aux sites comme Airbnb, Québec prive ses touristes de la plus belle révolution pour les voyageurs depuis bien longtemps.

Airbnb est un site web américain qui permet depuis 2008 de louer à des touristes une chambre dans son appartement, de louer un appartement en entier ou même une maison à des touristes.

Je ne m’en cacherai pas, j’adore Airbnb.

Le système est facile d’utilisation, il permet parfois de faire de belles rencontres en voyage, d’avoir accès à des appartements tout équipés et, évidemment, de trouver des chambres sans se ruiner. Toujours? Non, car la loi du marché s’applique aussi aux appartements proposés sur Airbnb, et certaines villes où la demande est supérieure à l’offre finissent par être plutôt dispendieuses.

Mais en règle générale, il est possible d’y trouver des logements abordables. L’année dernière, j’ai notamment habité dans un appartement complet dans un quartier en vogue de Tokyo pour 60$ par nuit et dans une grande maison de deux étages avec un couple d’amis à la Nouvelle-Orléans pour 120$.

Oui, les appartements qu’on y loue – généralement ceux qui sont vraiment abordables – sont parfois moins intéressants. Tout comme une chambre d’hôtel d’entrée de gamme peut parfois être décevante.

Mais les commentaires des autres utilisateurs d’Airbnb avertissent toutefois généralement s’il y a des problèmes potentiels avec un appartement, et en cas de problème majeur, il est aussi possible d’appeler Airbnb pour annuler une location. L’appartement problématique peut ensuite être banni du service.

Il est aussi important de comprendre qu’Airbnb n’est pas là pour remplacer les hôtels. Dormir chez l’habitant n’est pas pour tout le monde, et même les voyageurs qui aiment le service préfèrent parfois la simplicité et le confort d’un gite établi.

Les problèmes d’Airbnb
Dans une entrevue avec La Presse, la PDG de l’Association des hôteliers du Québec Danielle Chayer soulève ce matin un problème important avec les services comme Airbnb. Ceux-ci ne payent ni les taxes de vente, ni la taxe sur l’hébergement (une taxe de 2 ou 3$ par chambre d’hôtel, qui sert à financer le tourisme au Québec). Il s’agit d’un problème important. Présentement, Airbnb ne semble pas en mesure d’offrir une solution pour le régler (en chargeant directement des frais différents selon les pays ou les villes, par exemple).

Et considérant que l’entreprise éprouve aussi des problèmes à New York, j’imagine toutefois qu’elle tentera éventuellement d’assouplir son système pour lui permettre de mieux répondre aux différentes exigences locales, si elle veut assurer sa croissance. En attendant, il faudra s’assurer que les locataires puissent régler facilement ces frais eux-même (et que ces frais soient évidemment raisonnables dans le contexte).

Ce ne sont pas non plus tous les locataires qui déclarent leurs revenus à l’impôt, et il serait important de le leur rappeler.

D’autres problèmes potentiels peuvent aussi survenir avec Airbnb, je ne m’en cacherai pas. Un appartement dans un quartier résidentiel peut par exemple être loué à une bande de touristes fêtards qui auront peu de considération pour les voisins. C’est vrai.

Mais il est possible de régler ces exceptions au cas par cas. Pas besoin de jeter le bébé avec l’eau du bain pour ça.

Une chasse aux sorcières peu réfléchie
En s’attaquant aux services comme Airbnb, on prive certains touristes (car encore une fois, ce n’est pas tout le monde qui a envie de louer la chambre d’un étudiant universitaire lorsqu’il voyage) d’une superbe façon de voyager, sans vraiment – j’ai l’impression – pousser la réflexion très loin.

Devrait-on agir de la même façon avec un locataire qui loue une chambre occasionnellement qu’avec un propriétaire qui transforme un appartement en véritable hôtel? Je ne le pense pas.

Est-ce qu’Airbnb et les autres services du genre nuisent vraiment à l’industrie touristique dans son ensemble? Si les touristes déboursent moins pour leur chambre d’hôtel, est-ce qu’ils dépenseront forcément moins d’argent dans leur voyage?

J’en doute. Ma copine et moi avons visité Tokyo pendant un mois en octobre dernier. Est-ce que nous aurions pu rester aussi longtemps au Japon si nous avions dû payer notre chambre 200$ au lieu de 60$? Si nous avions été obligés de déjeuner au restaurant à tous les matins, de laver nos vêtements dans une buanderie, et j’en passe?

Jamais de la vie.

Comme bien des gens, je dois respecter un budget lorsque je voyage.

Et personnellement, je préfère largement investir ce budget dans un voyage plus long, ou dans un voyage où je visite de meilleurs restos, des cafés intéressants, plus de commerces locaux et où je fais toutes les activités touristiques qui m’intéressent, que d’investir dans un voyage plus court dans une grande chambre équipée d’un lit king avec 6 oreillers, une télé de 50 pouces, un minibar rempli de bouteilles d’eau à 8$ et où l’internet sans fil coûte 10$ par jour.

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